Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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Love, Simon


USA / 2017

27.06.2018
 



COMING OUT POUR TOUS

Le livre Bye Bye Bahia



- Papa… Maman… Je suis hétérosexuel !

- Oh mon dieu ! C'est comme si j'avais élevé un parfait inconnu…


Quinze semaines après l'Oncle Sam, la France a enfin l'occasion de découvrir Love, Simon. En plus d'être une excellente adaptation d'un roman destiné au jeune public, le film de Greg Berlanti s'avère des plus nécessaires. En 2018, en ce mois de Pride Month et pour la jeunesse queer. Explications.

Un ado presque comme les autres

Simon est un adolescent comme les autres : il a une famille qu'il adore et des amis extraordinaires. Mais il cache un secret : il est homosexuel et correspond en ligne avec un autre adolescent dans le placard - dont il est amoureux. Alors que son secret est menacé d'être révélé, Simon embarque pour de véritables péripéties, aussi drôles que bouleversantes.

Adapté du roman de Becky Albertalli Moi, Simon, 16 ans, Homo Sapiens, Love, Simon est tout simplement le teen movie dont tout le monde parlera cet été. (Ou du moins jusqu'à ce que Netflix mette en ligne A tous les garçons que j'ai aimés.) Véritable événement aux Etats-Unis, Love, Simon est en effet le premier film d'un grand studio américain centré sur une romance entre deux adolescents homosexuels. Comme quoi, même en 2018, il est toujours possible d'écrire l'histoire !

Bien qu'il débute comme de nombreuses comédies américaines (des ados tous mignons fréquentent un superbe lycée qui abrite d'autres mignons et un corps enseignant particulièrement comique), Love, Simon a le mérite d'être très franc vis-à-vis de son protagoniste. Ainsi, Simon (qui est le narrateur du film) ne manque pas de nous parler de sa sexualité dès les premières minutes ainsi que des doutes qui l'habitent. Interprété par un Nick Robinson qui se bonifie au fil des projets (La 5ème Vague, Everything, Everything), Simon Spier s'impose facilement comme un personnage principal sympathique et attachant. Et cela, même lorsqu'il psychote, se met dans des situations embarrassantes ou commet une erreur.

Une romance presque comme les autres

Mais là où Love, Simon tire son épingle du jeu, c'est bien évidemment au niveau du déroulement de son intrigue principale : le coming out de Simon. Très ancré dans l'actualité, le film de Greg Berlanti fait la part belle aux Facetimes, blogs et autres Tinder et Grindr. Plus encore, la force de cette adaptation est de parvenir à retranscrire l'importance et l'intensité qu'ont les mails que Simon reçoit de Blue, son correspondant/amoureux secret anonyme.

Plus encore, là où d'autres scénaristes auraient pu modifier le nœud du film, Isaac Aptaker et Elizabeth Berger ont fait le choix (judicieux) de garder le chantage dont Simon est victime pendant une bonne partie du film. Cela débouche sur l'une des scènes les plus touchantes, lorsque Simon explique (en larmes) à son maître-chanteur à quel point il est important pour chaque personne queer de décider du moment où elle souhaite faire son coming out. Pour le public LGBTQ, ce passage est une bénédiction. Pour les autres, outre l'aspect "rappel", il fait office d'électrochoc.

Car c'est bien là tout le but de Love, Simon - si tant est que les films aient des buts. En plus d'être un excellent divertissement, Love, Simon rappelle à ceux qui l'auraient oublié que l'homosexualité est loin d'être un crime, qu'il n'y a rien de plus beau que l'amour partagé et qu'il n'y a aucune honte à être différent. Sans jamais virer dans le drama facile, le nouveau bébé de Greg Berlanti est un beau message de tolérance envoyé à ceux qui ont encore l'audace de repeindre des passages pour piétons et une lettre d'amour adressée à une communauté toujours sous-représentée dans les médias.

Avec son casting suffisamment diversifié, Love, Simon tend à banaliser les romances interraciales et homosexuelles. Plus encore, il a vocation à redonner espoir à des millions de jeunes. A l'inverse de Moonlight, Beach Rats ou encore Call Me By Your Name qui présentaient l'amour gay comme quelque chose de compliqué voire de gênant, Love, Simon en fait quelque chose de normal et beau à la fois. En outre, il réussit l'exploit de glorifier le coming out.

Un teen movie presque comme les autres

Sans entrer dans les détails, il est évident que Love, Simon est voué à se terminer sur un happy end. Mais là où d'autres projets auraient laissé la porte ouverte à d'éventuelles suites, le film de Greg Berlanti s'achève là où une toute autre histoire débute, offrant au spectateur une sensation de satiété rarement présentes dans les blockbusters estivaux.

Bien évidemment, sur le papier, Love, Simon avait déjà tout pour plaire. Une comédie américaine visible en salle fin juin. Une histoire de coming out et de flirt anonyme écrite par les auteurs des séries familiales Grandfathered et This Is Us. Le créateur des shows Everwood, Arrow, The Flash, Supergirl, Legends of Tomorrow et bientôt Parfaite à la réalisation. Et une bande originale sur laquelle on retrouve Bleachers, Troye Sivan, Khalid, Normani, The 1975 et Whitney Houston.

Mais c'est finalement à l'écran que la magie opère le mieux. Extraordinaire, le roman de Becky Albertalli dispose en effet d'une adaptation fidèle. Le personnage principal est incarné par un acteur en pleine ascension et au charme naturel. Le groupe d'amis de Simon est composé d'acteurs vus dans 13 Reasons Why, X-Men Apocalypse, Spider-Man : Homecoming, Divergente et The Walking Dead. Quant aux parents de Simon, summum de coolitude, ils sont joués par Jennifer Garner et Josh Duhamel.

Nécessaire de par son sujet, Love, Simon fait fi des clichés du genre auquel il appartient pour permettre à un acteur prochainement majeur (Nick Robinson) d'exploser et à toute une communauté d'être célébrée. Savoureux et réconfortant, Love, Simon est un film que l'on dévore et que l'on recommande. Sans modération.
 
wyzman

 
 
 
 

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