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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Hotel Artemis
USA / 2017
25.07.2018
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JODIE IS BACK
Pour son premier long-métrage, le scénariste Drew Pearce n’a pas fait les choses à moitié, loin de là. En réunissant de grands noms du cinéma et de la télévision américaine dans un univers dystopique, son Hotel Artemis aurait pu largement briller. Explications.
Bienvenue en 2028
Jean Thomas est une infirmière qui travaille dans un hôpital caché à l’intérieur de l’hôtel qu’elle gère. Alors que de graves émeutes sévissent à Los Angeles, elle continue d’accueillir des criminels et de les soigner. Avec Everest, son assistant, elle se plie à une règle fondamentale : pour être soigné à l’Hotel Artemis, il faut être membre. Malheureusement, une erreur en entraînant une autre, le chaos s’approche dangereusement de l’Hotel Artemis.
Avec son approche très futuriste de l’urbanisme, de la médecine et de l’armement, Hotel Artemis se pose là, en savant mélange de Blade Runner 2048, Bienvenue à Gattaca et Matrix. Dès les premières minutes, le ton est donné. Ici, il sera question d’individus qui se croisent et tentent de survivre et non d’un groupe de personnes luttant activement contre le mal qui ronge l’Amérique du futur : le capitalisme. Cela étant dit, même sans une équipe d’Avengers, cette tentative d’épopée futuriste peut compter sur un paquet de rôles différents qui apportent piquant et cohérence à l’ensemble. Ainsi, Sterling K. Brown incarne Sherman, un cambrioleur qui ferait n’importe quoi pour protéger son frère. Sofia Boutella est une tueuse à gages au grand cœur. Charlie Day campe un trafiquant d’armes particulièrement agaçant. Et enfin, Jeff Goldblum et Zachary Quinto s’invitent en père et fils, rois du crime organisé à Los Angeles.
Pensé comme une histoire sans suite nécessaire (hallelujah !), Hotel Artemis ravit par la maîtrise de son cadre. Le film de Drew Pearce est un huis-clos qui a pour principal décor le 12e étage d’un immeuble abandonné et l’extérieur, que l’on ne voit qu’à de rares moments, finit vite par être un détail du récit. Coincé avec ces personnages jusqu’à ce qu’ils décident de fuir – s’ils fuient –, le spectateur n’a d’autre choix que de compatir aux tracas presque normaux de chacun des protagonistes du film. Et si les criminels ne font pas fondre son cœur, Drew Pearce a pensé à tout : l’immense Dave Bautista prend le relais et captive par son interprétation tout en finesse de l’infirmier bagarreur Everest. A l’instar de son rôle dans Les Gardiens de la galaxie, l’acteur de 49 ans charme bien plus qu’il n’effraie.
Le fond ou la forme
Première réalisation oblige, Drew Pearce n’évite pas certains écueils. Sur le papier, il faut bien admettre que son film de 97 minutes a de quoi ravir. Une histoire avec une fin, des personnages attachants, un casting impressionnant et un soin porté sur les dialogues. Malheureusement, le produit fini n’est pas toujours à la hauteur de nos attentes. En effet, bien que l’on ne puisse que saluer la durée d’Hotel Artemis, force est de reconnaître que tout cela manque un peu d’action, de violence, de répliques cultes ou encore d’une bande originale mémorable. Loin d’être un désastre, Hotel Artemis a de quoi séduire mais ne parvient jamais à être ce qu’il aurait pu être : une œuvre résolument moderne et fun à la fois.
Au lieu de ça, Drew Pearce nous propose un tout autre projet : contempler le talent et l’inventivité de Jodie Foster. À 55 ans, l’actrice, réalisatrice et productrice semble toujours mieux choisir ses projets. Cinq ans après Elysium et sept ans après Carnage et Le Complexe du castor, elle est de retour dans un premier rôle, encore plus performante que par le passé. Alors oui, nombreux sont ceux qui argueront que le personnage qu’elle campe, l’infirmière Jean Thomas, n’a rien d’exaltant. Mais sans la maîtrise et la rigueur de Jodie, le personnage aurait pu rapidement devenir agaçant. C’est finalement l’inverse qui se produit. Cette femme âgée qui prend soin des autres parce qu’elle n’a pu sauver son propre fils des ravages de la drogue intéresser émeut. Rapidement, son combat pour sortir de l’Hotel Artemis et retrouver le monde réel devient le nôtre. A l’instar de sa peine qui ne cesse de fluctuer au cours du film.
Loin d’être un succès au moment de sa sortie dans les salles américaines le mois dernier, le public européen devrait assurément être plus réceptif à ce film qui dispose tout de même d’une photographie intrigante et d’un casting plus qu’honorable. Hotel Artemis ne sera sans doute jamais culte mais les connaisseurs n’auront aucun mal à le rendre pertinent d’ici quelques années.
wyzman
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