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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Première année
France / 2018
12.09.2018
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PREMIERS BAISÉS
« Viens, on va se masser la carotide !»
Après Hippocrate, étude sur l’externat en médecine, et Médecin de campagne, observation sur le quotidien d’un généraliste, Thomas Lilti revient à ce qu’il connaît de mieux : le milieu médical (il en vient). Première année est pourtant le plus faible de cette trilogie malgré de très bons moments.
De ces trois films, celui-ci hésite trop à prendre le bon chemin, à l’instar de Benjamin (William Lebghil), élève doué malgré lui, possédant les codes (sociaux) de l’élite, fils de chirurgien, mais incertain face à cet avenir qu’il n’a pas choisi. Le cinéaste ne parvient pas à équilibrer son histoire entre documentaire et fiction. Pour une raison assez visible : lorsqu’il filme les coulisses d’une première année de médecine et ses concours de masse dans des halls d’exposition gigantesques, l’aspect documentaire se révèle assez saisissant et très cinégénique. A filmer tous ces visages, si peu d’élus, tant de recalés, à montrer la machine infernale et inégalitaire qui sert à faire un tri arbitraire et sans doute injuste, Lilti fait mouche.
On voit bien que ceux qui ont la vocation, comme Antoine, qui n’ont pas les mêmes chances au départ et qui rament pour 0,2 points, pour une place, sont de la viande à concours, broyée et cramée jusqu’au burn-out.
Mais pour qu’un film réussisse, il faut un enjeu dramatique, ici beaucoup trop flottant pour être structurant. Il navigue entre réalité reconstituée et scénettes tantôt drôles tantôt convenues. A cela s’ajoute un récit bien trop plat, et même linéaire, pour nous emporter. Hormis l’amitié entre les deux étudiants, et en arrière-plan leurs relations avec les parents, Lilti n’a rien apporté d’enrichissant à cette histoire.
Si bien qu’on s’ennuie parfois, heureux de temps en temps de voir la voisine asiatique amener un peu de poésie et d’humour, subissant souvent un rythme qui ne prend jamais. Le film manque d’élan, même si les deux acteurs, parfaits dans un registre « entre-deux », en souffrance intérieure permanente, remplissent les trous d’air et donnent de l’oxygène à une mise en scène assez banale (la séquence « training montage » des révisions est un manque d’inspiration révélateur).
Il y a heureusement un peu d’humour (la scène de la librairie notamment), d’amertume (les liens entre Benjamin et son père) et d’humanité pour être plaisant. Mais il n’y a pas assez de matière et le twist final devient vite prévisible. Un Happy End qui sauve moralement ce enfer universitaire. Avec les récentes réformes – Parcoursup, Numerus Clausus – le film sera vite obsolète.
Le plus inquiétant est sans doute de savoir que son médecin n’est pas forcément le meilleur, le plus motivé, mais seulement celui qui a su avaler des kilos de connaissances, le déshumanisant ou le métamorphosant après quelques mois où chacun espère silencieusement le pire pour son voisin de banc. Une lutte des places et une lutte des classes qui ne laissent quand même pas indifférent.
vincy
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