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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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L'amour est une fête
France / 2018
19.09.2018
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LA PROCHAINE FOIS JE VISERAI LE CUL
A l’instar du Couteau dans le cœur, Cédric Anger nous plonge dans l’univers du film X, des années pré-Sida, et de ces seventies alors assez libres où aller voir un porno n’était pas réservé à une certaine clientèle. L’amour est une fête annonce paradoxalement que la fête est bientôt finie. Que cet amour va être entravé par une épidémie virale et sociétale (le retour au conformisme et même à des mœurs conservatrices).
Ce qui frappe c’est la direction artistique, pop et colorée, rétro et fashion, qui rend le film aussi nostalgique qu’insouciant. Sous le mode d’un feel good movie un peu convenu, cette enquête dans le milieu du X s’oriente surtout vers la comédie. Le polar n’est qu’accessoire.
Si Gilles Lellouche et Guillaume Canet prouvent une fois de plus que leur duo fonctionne très bien, mâles alpha quadras de la liste A du cinéma français, ce sont les seconds rôles masculins tels Michel Fau (excellent) et Xavier Beauvois (impeccable) qui donnent du relief et un ressors comique à cette histoire qui aurait pu être glauque.
Cocasse-couilles
Tout cela rend le film détonnant et loin des clichés du genre. En donnant une humanité à ce milieu, avec ses failles et ses émotions « normales », Cédric Anger a réalisé un conte parodique et attachant sur la liberté sexuelle.
Mais si tout cela est assez joyeux, et même caustique, et jamais moraliste, la jouissance n’est pas totale. Le scénario hésite entre ses genres et le récit manque d’une structuration hétérogène. Ce qui en fait une œuvre un peu laborieuse parfois, débandant par moments. Il manque peut-être le désir, le charnel, l’amour pour que le plaisir soit complet. Et l’aspect policier ne fonctionne pas vraiment.
Le plus intéressant, finalement, c’est de constater que Cédric Anger comme Yann Gonzalez, ont réalisé deux films qui se font écho : les deux cinéastes ont abandonné le côté voyeur pour se laisser aller à savourer une période pas si lointaine où les tabous et le sexe n’avaient pas les mêmes limites qu’aujourd’hui. A l’époque, on allait voir le porno sur grand écran, aujourd’hui il se consomme sur un smartphone. Il y a quarante ans, on fantasmait sur ces galipettes jouées par des acteurs, aujourd’hui il suffit d’une application ciblée pour assouvir son fantasme à domicile.
Portraits d’une culture underground, d’un monde libéral mais non marchand (ou presque), les deux films ont en commun de s’amuser avec ce lien – le cul – commun à tous. Sans oublier les facettes sombres du milieu du X. Mais surtout, sans omettre que la femme est l’égale de l’homme quand il s’agit d’orgasme.
La filmographie d’Anger poursuit ainsi son exploration des masques et de la morale qui conduisent l’humain à s’inventer en un autre ou à s’inviter en territoire étranger.
vincy
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