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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Love actually
Royaume Uni / 2003
03.12.03
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THE BLAIR MICHES PROJECT
"- Les jeunes, n'achetez pas de drogues. Devenez rock star et ce sera gratos!"
Il y a tous les ingrédients d'un scénario de Richard Curtis : Londres est romanesque et villageoise, les seconds rôles ont des scènes de choix, le grand amour est possible, et le coup de foudre indispensable, et les ultimatums permettent d'accélérer le tempo. Mais.
Il y a de nouveaux éléments qui font de ce premier film réalisé par le scénariste, un film à part : une dose de politique, des histoires d'amour amères, et surtout aucun rôle principal... cela donne un film flirtant avec les ¦uvres altmaniennes dans un cadre plus proche de Lubitsch. Bien sûr la limite de l'exercice est d'aboutir à une kyrielle d'histoires incomplètes et même parfois, inachevées. Puzzle inégal, Love actually a la force de sa faiblesse. On s'attache très vite à ses personnages - ce qui dénote un réel talent d'écriture - mais on les voit trop peu pour être satisfaits complètement.
Sur le postulat de base que l'amour est finalement partout autour "Love actually is all around") cette comédie romantique résolument optimiste prend ses racines dans les meilleures séries comiques de la télévision britanniques, avec un final aux limites du sketch reconstitué. Rien ne semble réel, tout paraît parodié, déformé, revisité. À commencer par le personnage du Premier Ministre, incarné par un Hugh Grant en grande forme, qui nous offre un beau numéro disco sur un standard des Pointers Sisters. Cette mise en scène du 10 Downing Street permet à Curtis de s'aventurer sur un registre moins irréaliste, pour ne pas dire plus engagé. Le discours de Grant ne va pas sans égratigner la politique de Blair (et se moquer de Thatcher en la traitant de "petite friponne"). Curtis revendique une autonomie de l'Angleterre vis-à-vis du grand voisin américain (présidé par un Billy Bob Thornton moitié texan comme Bush, moitié obsédé sexuel comme Clinton).
Et là réside tout le charme du film. Car, à chaque instant, nous sommes effrayés à l'idée de devoir supporter un cliché : une rock star sur le retour, la femme de ménage forcément portugaise, le veuf inconsolable, ... Et à chaque fois, nous sommes cueillis. Le cliché est contourné et même détournée pour se transformer en scène férocement gaguesque. Dans un grand jeu de masques, Curtis les tombe un à un, jusqu'à pousser à l'excès chacune des situations invraisemblables. Cela donne des séquences bien construites, drôles et émouvantes, et même des personnages un peu destroy. Pour l'amour. Mais aussi tout pour la musique. Le film ne peut pas s'empêcher, à l'instar de Bridget Jones et des comédies de Paul J.Hogan, des détours par la pop (tout en se moquant avec cette reprise ringarde d'un chant de Noël). Mariage (métisse), enterrement, intronisation... Tout le sacré ne sert qu'à révéler les déviances de chacun, leur solitude, leurs obsessions, leurs hésitations. Ça vient toujours de là où on ne l'attend pas. La mécanique est simple : c'est la franchise qui fait rire dans ce monde de mensonges (qui crée le drame). Le politiquement incorrect, tout le monde s'y frotte avec délectation.
Cela n'empêche pas Emma Thompson de nous émouvoir dans son rôle de femme bafouée, où Laura Linney de nous attendrir avec son histoire d'A impossible. C'est là que le film prend une dimension inédite dans la filmographique de Curtis : il laisse l'espace nécessaire pour nous entraîner dans leur détresse, si ce n'est dans leur désespoir. L'amour est le ciment de nos sociétés, mais il n'est pas simple à atteindre et exige quelques sacrifices voire certaines folies.
Avec un casting parfait, un pur régal, le film passe d'une histoire à une autre en un clic de souris. Film réseau par excellence, cette construction narrative débloque le schéma traditionnel des comédies jusque là écrites par Curtis. Et même si la frustration est évidente de ne pas avoir profité de tous ces protagonistes de manière égale, même si le réalisateur a choisit de privilégier parfois les moments les plus durs aux instants les plus loufoques, le spectateur se réjouira des complexes de chacun, des défauts assumés, de ces complications si justement décrites. Point de moralité dans cet entrechat de déclarations clamées et de séparations silencieuses. Mais juste l'ambition de créer l'incroyable pour nous faire encore croire à l'Amour, matrice de nos vies. vincy
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