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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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La saveur des ramen (Ramen teh)
Singapour / 2018
03.10.2018
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LE FESTIN DE MASATO
Le cinéaste singapourien Eric Khoo tourne un long métrage tous les 3 ans et surprend avec des histoires à chaque fois différente y compris dans la forme (jusqu'à réaliser un film d’animation en 2012, Tatsumi). Si My Magic (2008) reste son film le plus abouti, il y a chez le réalisateur un fil conducteur cohérent à travers ses œuvres : le besoin d’être aimé et le respect des différences.
La saveur des ramen est une de ses films qu’il ne faut pas voir à jeun. Si le film prend comme point de départ une intrigue similaire à celle des Délices de Tokyo de Naomi Kawase. Un restaurant familial – ici une petite boutique, où le père dépressif et le fils contraint d’obéir entretiennent des relations compliquées.
Eric Khoo tisse une chronique japonaise attachante. Les changements de plan, les cadrages montrent sa maîtrise de la mise en scène. La relation psychologique des hommes s’enrichit en non-dits.
Mais rapidement La saveur des ramen bascule dans une autre histoire. Un voyage à Singapour, à la recherche des origines de sa mère. Une épopée culinaire qui remonte à l’enfance. Comme un « trip » psychanalytique à la recherche d’une Madeleine de Proust (ou du goût de la ratatouille dans le Pixar du même nom). Reprendre goût à la vie en retrouvant les saveurs originelles.
Malheureusement, malgré le charme évident du film, le scénario nous emmène progressivement dans une histoire simple et naïve, convenue et sage. Tout est bouffe et donc tout est amour. Avec une surdose de compassion et de bons sentiments, et une absence de dramaturgie, ce mélo romantique se laisse aller dans une histoire prévisible.
Bien sûr, il y a la grand-mère revêche (un peu raciste). Mais on devine très bien qu’elle va mettre de l’eau dans son bol de noodles épicées. Khoo semble finalement plus intéressé par le métissage. Ce couple « mixte » (une singapourienne d’origine chinoise et un japonais) et cette cuisine fusion.
Suave plus que savoureux, il répète ce que l’on a déjà vu au cinéma : la cuisine relie les humains par-delà leurs animosités. Sur la fin, La saveur des ramen abuse de procédés cinématographiques appuyés (la musique qui veut déclencher l’émotion, la comédie pour essayer de détendre l’atmosphère).
Bizarrement, c’est quand il flirte avec le documentaire (gastronomique et historique), à la manière d’une Kawase (encore elle), qu’on se sent le plus captivé. Sinon, on recommande immédiatement après la projection du film une réservation dans un excellent restaurant japonais ou singapourien. Sur ce point-là, Eric Khoo a bien réussi à traduire en images la gourmandise qu’un plat peut déclencher.
vincy
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