Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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La particule humaine (Buğday)


/ 2017

10.10.2018
 



L'AUTRE COTÉ DE L'ESPOIR

Le livre Bye Bye Bahia



"On vit constamment dans un rêve. On se réveillera quand on mourra. "

Si l’on s’étonne a priori de voir le réalisateur turc Semih Kaplanoğlu (Ours d’or à Berlin en 2010 pour le très contemplatif Miel) proposer un film de science-fiction post-apocalyptique, on comprend vite qu’il s’agit plus d’une œuvre métaphorique sur la condition humaine qu’une quelconque tentative de rivaliser avec le cinéma de genre à gros budget.

Ici, passées des scènes d’exposition qui jouent sur le contraste entre le décor morne d’une prison à ciel ouvert et la débauche technologique qui règne de l’autre côté des grilles, le récit s’enfonce peu à peu dans un dépouillement esthétique comme dramatique. Le personnage principal, qui s’échappe de la ville et de son confort pour rejoindre les « terres abandonnées », effectue la migration inverse des réfugiés aperçus au début du film, pour aller se perdre, puis se retrouver, quelque part sur les cendres de l’Humanité. Cinématographiquement, c’est d’une beauté visuelle foudroyante. Que l’on soit en ville ou dans le désert désolé où nous entraîne l’intrigue, le noir et blanc sublime les vastes espaces filmés en plans larges, et la caméra s’attarde sur les paysages dévastés et les immeubles délabrés avec le même regard las et mélancolique.

Ce qui intéresse le cinéaste turc, c’est finalement moins la dénonciation d’une société basée sur la classification génétique ou la mise en garde face à l’inévitable catastrophe écologique qui guette, que l’épopée mystique et allégorique de son héros dans des terres ravagées d’où renaîtront pourtant une forme d’espoir. Peut-être comme dans tout son cinéma, il s’attache à l’essence de l’Humanité plus qu’à ses faits et gestes, et s’empare des codes du cinéma d’anticipation pour mieux appeler l’être humain à simplement renouer avec lui-même.
 
MpM

 
 
 
 

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