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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Galveston
USA / 2018
10.10.2018
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ROY ET ROCKY
« Je veux pas d’un mort parce qu’un con a pété un câble. »
Après le ratage de Plonger, Mélanie Laurent signe un film « de commande », américain (production, casting, roman originel, univers). Et c’est plutôt une heureuse surprise. Si le film manque parfois un peu de personnalité, sans doute sous la contrainte d’une production qui cherchait à allier un style singulier à une ambition un peu formatée, l’ensemble séduit.
Sans doute parce que Mélanie Laurent a composé entre des impératifs (l’atmosphère du roman de Nic Pizzolatto, le créateur de la série True Detective) et son inspiration personnelle, avec cette belle lumière eighties qui éclaire tout le film. Cela se remarque particulièrement dans l’écriture des personnages et la direction d’acteurs mais aussi dans la splendeur des paysages qu’elle se complaît à filmer comme des protagonistes à part entière de l’histoire.
Des bas-fonds d’un bled texan aux plages sablonneuses du Golfe du Mexique, en passant par des bars ou restos « country » et un motel banal et impersonnel, la réalisatrice filme une Amérique qui flirte avec les clichés et en tout cas, une impression de déjà-vu. L’ambiance poisseuse, mafieuse, virile est vite compensée par la fragilité et l’humanité de la brute et l’arrivée d’une femme fatale (en robe rouge) aussi fébrile qu’attachante.
Les codes sont respectés et le film noir semble écrit pour l’époque #metoo tant le mâle est respectueux de cette jeune femme pourtant prostituée (on n’en sort pas quand même de cette vision binaire dans le polar : le mec et ses flingues, la femme et son corps).
Mélo noir
Dans ce traquenard, l’homme de main et l’escort fuient une vie de merde pour tenter de s’en échapper. Ils s’offrent une parenthèse heureuse, une respiration bienvenue, avant que tout cela ne tourne mal. C’est ce qui est intéressant dans le récit de Galveston. Pendant une grande partie du film, la psychologie et la relation entre les deux personnages prennent le dessus, sans se soucier des menaces qui pèsent sur eux. Or, le spectateur, sait que la violence va interrompre ce petit bonheur idéaliste et factice. Mais il ignore quand cela va survenir. Et elle surgit au moment où on ne s’y attend plus. C’est là que Mélanie Laurent surprend.
L’attente est longue. L’intranquillité règne. La mauvaise passe semble infinie. Et quand le piège se referme, tout va très vite et se déroule de manière inattendue. On est avec le repenti, en espérant qu’il s’en sortira, on croit que le salaud va payer. Or, tout va être plus « simple », « crédible », « anti-héroïque » et même anti-hollywoodien. La longue séquence dans l’usine de nettoyage est maîtrisée et captivante. Elle s’achève d’ailleurs si brusquement qu’on reste un temps scotché.
Sauvage
Si l’épilogue n’a rien de classique dans le cinéma américain, s’offrant même une fin « romantique » au sens littéraire du terme, Galveston reste finalement un portrait d’une Amérique sauvage entre sublimes paysages naturels (la tendance écolo de la réalisatrice) et humains à l’animalité palpable (prédateurs et proies). Avec ses toquards, honnêtes gens, qui composent une société complexe, humaniste, misérable, où le dominants n’est pas forcément perdants en l’absence de morale. C’est presque un mélodrame qui s’imprègne de polar.
Galveston n’est d’ailleurs qu’un film sur deux êtres à la dérive en quête de rédemption, ou de renaissance. Comme dans tous les films de Mélanie Laurent. Elle veut croire qu’il y a quelque chose de bon en chacun de nous.
Le récit reste un peu simpliste et il manque sans doute un regard plus approfondit sur les auteurs de cette tragédie, ceux qui provoquent la perte de Roy et de Rocky. En ne prenant qu’un angle, le film s’empêche une certaine profondeur pour se complaire dans une histoire d’amour dont il ne faut surtout pas prononcer le nom.
Noir et lumineux à la fois, Mélanie Laurent signe avant tout un film sincère où l’honnêteté sert de fil conducteur jusqu’au bout.
vincy
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