Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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Un 22 juillet (22 July)


USA / 2017

10.10.2018
 



VIVRE AVEC LA MORT





Tous les jours, j'essaye de comprendre pourquoi quelqu'un a essayé de nous tuer."

Deux ans après le tiède Jason Bourne, le réalisateur britannique Paul Greengrass est de retour dans l'actualité avec un projet ambitieux mais polémique. Son nouveau film, Un 22 juillet, est disponible depuis le 10 octobre dernier sur Netflix et relate la double attaque terroriste qui a secoué la Norvège le 22 juillet 2011.

Une journée pas comme les autres

Alors que le ministre d'Etat Jens Stoltenberg quitte ses bureaux pour se préparer à donner un important discours, une explosion à la bombe survient dans le quartier gouvernemental d'Oslo (Norvège). Deux heures seulement après, une seconde attaque a lieu sur l'île d'Utoya, dans un camp de jeunes organisé par le parti travailliste. Ce double attentat, considéré comme l'attaque la plus meurtrière en Norvège depuis la Seconde guerre mondiale, aura de lourdes conséquences pour chacun des protagonistes.

Annoncé en grandes pompes en août dernier, le film liant Paul Greengrass et Netflix était particulièrement attendu. Et cela, sans doute parce que quelques mois plus tôt, le géant du streaming a mis en ligne l'émouvante mini-série documentaire November 13 - Attack On Paris. Mais si Un 22 juillet est important, c'est sans doute pour cette vue d'ensemble qu'il donne à cette funeste journée au cours de laquelle 77 personnes ont perdu la vie.

Pour permettre à tout le monde de s'y retrouver et de trouver des liens d'ancrage, Paul Greengrass a eu l'excellente idée de baser son scénario sur l'ouvrage One of Us de la journaliste norvégienne Asne Seierstad. Voilà sans doute pourquoi au bout des 143 minutes d'Un 22 juillet, le spectateur ressort avec l'étrange impression d'avoir lu la meilleure fiche Wikipédia qui ait jamais été écrite.

Un film sur la guérison

Bien évidemment, Paul Greengrass aurait pu se concentrer intégralement sur la préparation et la recherche de motifs expliquant ce double attentat. Mais il n'en est rien. Celui qui nous a déjà offert par le passé Vol 93 et Capitaine Phillips a fait le choix de s'intéresser à l'avant, au pendant et surtout à l'après. C'est ainsi avec douleur que l'on suit les péripéties de Viljar Hanssen, jeune adolescent présent sur l'île d'Utoya avec son petit frère Torje et ses meilleurs amis.

Très vite conscient du danger qu'Anders Behring Breivik représente pour son frère et lui, il mue en impressionnant héros. Cela avant d'être rattrapé par le terroriste et laissé pour mort près des rochers. En plus de raviver les mauvais souvenirs de ceux qui ont connu de près des attentats, Un 22 juillet s'évertue à lier l'arrestation et le procès d'Ander Behring Breivik au rétablissement de Viljar. Allégorie de la souffrance collective, Un 22 juillet nous entraîne alors et par des procédés parfois simplistes (scènes de silences équivoques, flash-backs) dans les moindres recoins de l'âme et de l'esprit désormais torturés de Viljar.

Un grand spectacle ?

En s'attardant longuement sur l'incompréhension générale, Paul Greengrass finit par présenter le double attentat comme un événement presque universel. Ou du moins, très européen. Alors que l'on se rapproche de la fin, le scénariste et réalisateur du long-métrage ne peut s'empêcher d'amener avec lui l'idée que ce qui est arrivé en Norvège aurait pu arriver ailleurs. Sans doute convaincu que les réseaux terroristes venus de l'étranger ne sont plus la principale menace, Paul Greengrass montre que l'ennemi doit désormais être considéré comme intérieur.

Bien évidemment, et parce qu'il s'agit d'un film de Paul Greengrass doté d'un budget de 20 millions de dollars, le spectateur en prend plein les yeux. En lançant le visionnage d'un tel film, il a en effet le désir de "(sa)voir ce qu'il s'est passé". Mais celui-ci est rapidement combattu par une douloureuse impression d'assister à un événement que l'on aurait voulu ne pas voir (ou même connaître) car il rappelle d'autres incidents antérieurs ou postérieurs à ce fameux 22 juillet 2011.

Sur le plan technique, Paul Greengrass prouve une fois de plus qu'il sait manier une caméra et diriger une équipe comme personne. Ses acteurs sont hautement convaincants, la tension est palpable pendant la majeure partie du film tandis que les dialogues sont percutants. Mais c'est sans doute parce que sa réalisation est empreinte d'un savoir-faire typiquement hollywoodien que l'on ne cesse de se demander "Est-ce normal d'être extrêmement captivé par un homme qui traque des adolescents effrayés dans ls bois ?"

Œuvre nécessaire au débat public, Un 22 juillet est un film glaçant par sa mise en scène et émouvant par son interprétation. Loin d'être recommandable à tous, le nouveau projet de Paul Greengrass vaut néanmoins le détour.
 
wyzman

 
 
 
 

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