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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Jean-Christophe & Winnie (Christopher Robin)
USA / 2018
24.10.2018
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SE FAIRE LA MALLE
« Je suis un ours de très peu de cervelle »
Après Pierre Lapin et Paddington, il était assez logique de retrouver Winnie l’Ourson, peluche atemporelle et affectueuse. Disney trouve là une recette éprouvée par d’autres : un animal culte de la littérature jeunesse, Londres et la campagne anglaise, une jolie fable familiale à la Mary Poppins (le travail est moins important que ceux qu’on aime, en résumé).
Et bien, il n’y a rien de nouveau à l’ère JC (Jean-Christophe, traduction de Young Christopher). Ceux qui aiment Pierre Lapin apprécieront Winnie. Pourtant, le film se veut moins burlesque et plus sentimental. Le film souffre parfois d’un écriture un peu facile (on répète quatre fois ce que nous devons retenir), et ça se ressent avec ce prologue un peu fainéant.
Le générique, à l’inverse, est plutôt bien vu, résumant le passage de l’enfance vers sa vie adulte de Jean-Christophe. Nous voici avec un homme qui a perdu sa joie de vivre, qui a enfoui son imaginaire et qui se complait dans un monde ultra-libéral qui fait pression son bonheur matérialiste.
Les méchantes langues évoqueront une forme de cynisme dans ce message. Peu importe. Ce n’est pas le sujet. On peut toujours se dire qu’il est facile de critiquer le monde de l’entreprise et le formatage des cerveaux, ici on remarque quand même que le bon chef de service qui sacrifie sa vie privée finit en burn-out à dialoguer avec un ours un peu bêta et vaguement dépressif.
Neverland et Wonderland
Car ce qui frappe dans cette histoire, et c’est ce qui la rend singulièrement intéressante, est qu’on est plus proche d’Alice au pays des merveilles ou de Peter Pan et le Pays imaginaire que des modèles cités plus-haut, lapin de campagne ou ours de la jungle. Ce JC au pays des névroses, ce qui rime avec un autre pays onirique, Oz, est une œuvre sur la pression psychologique d’un enfant sans père, d’un jeune homme revenu de la guerre, d’un époux et père dévoué à son travail. C’est l’histoire d’un homme qui craque et qui ne sait plus exprimer ses sentiments.
Entre le refoulement freudien et la madeleine de Proust, le retour d’un ourson sert de déclic pour un retour à la « normale » (une série d’hallucinations collectives).
Reste que le film est un peu bancal, scindé en deux parties, et parvient difficilement à faire le lien entre une première partie d’environ une heure qui signe la guérison de Jean-Christophe, et la seconde partie, un peu plus courte, qui soigne et préserve son entourage (épouse, fille, animaux, employés). Ce n’est pas vraiment drôle mais on ressent bien les drames.
Dans ce récit de dépressifs – le père, sa fille, Winnie et l’âne… - où les valises sous les yeux et les valises de l’entreprise du papa font bon ménage, c’est une grosse fatigue généralisée qui conduit le conte vers son issue : les vacances devraient être un droit sacré. Tout comme il est essentiel de garder son âme d’enfant.
vincy
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