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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Secret Window (Fenêtre secrète)
USA / 2004
14.04.04
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MAISONS ET JARDINS
"- Tu as foutu la merde.
- Je vais tirer la chasse."
Le thriller américain a du mal à se renouveler. Ce film-là en est une des preuves. A force d'abuser et d'user d'éléments maintes fois vus et de rebondissements peu imaginatifs, il ne reste que l'interprétation des comédiens - syndicalement correcte - et la mise en scène. Or, la réalisation est d'une platitude qui ne fait même pas peur. Hormis quelques plans (par exemple les reflets inversés), le suspens ne nous accroche pas au siège et les frayeurs sont rares. Il ne faut pas confondre image horrible et sensation d'horreur. Or, ici, nous sommes anesthésiés. Ce mauvais rêve d'un mec qui n'a pas accepté que sa femme le quitte nous intéresse jusqu'au moment où toutes les invraisemblances nous poussent à comprendre d'où viennent les coïncidences. Une fois le problème résolu par nos méninges, l'ennui nous gagne. Une fois notre supposition confirmée par le scénario, le film n'a plus d'intérêt. Car en reposant sur un personnage à peine nuancé, en oubliant les règles du genre et en pompant trop des modes du moment, Secret Window apparaît surtout comme un produit édulcoré.
Depp, qui "zyeute" les personnages de Mitchum, essaie de supporter ce script faiblard avec deux attitudes : l'une léthargique, l'autre enragée. Cela suffit peu même si l'on s'identifie très vite à son côté trouillard. Les seconds rôles font office de figurants. Turturro en tortionnaire est peu crédible et c'est d'ailleurs ce qui donne la puce à l'oreille. De la police impuissante à la postière charmante, en passant par l'ex femme blonde et en bonne santé, nous subissons tous les clichés. Jusqu'au décor : une maison isolée près d'un lac. De quoi éveiller toutes les paranoïas et tuer en série, en toute tranquillité.
On aurait aimé plus de nerfs, plus de noirceur, bref un profil à la Identity. Ce divorce qui finit mal, avec faux suspects à la chaîne, est trop excessif pour nous impliquer dans ce délire. Inquiétant : on préfère rire devant certaines scènes, censées nous faire bondir.
Dans cette histoire de moi, de je et de sur-moi, avec surcharge symbolique, il aurait fallu un docteur pour le script. Le final grotesque détruit le semblant de subtilité psychologique du scénario. Dommage que ce cauchemar virtuel, cette folie intérieur (voir les rêves vertigineux) se transforment en en horreur banale. Jusqu'à cet ultime plan obscène qui méprise l'intelligence du spectateur. vincy
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