Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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La Ballade de Buster Scruggs (The Ballad of Buster Scruggs)


USA / 2018

16.11.2018
 



WILD WEST





"Les gens sont facilement distraits"

Deux ans après Ave, César, les frères Coen sont de retour pour un nouveau projet en forme de lettre d’amour adressée aux westerns qui les ont bercés. Explications.

Film à histoires

Western d’anthologie, le film distribué par Netflix raconte en fait six histoires distinctes. Chacune met en scène des légendes du Far West. « La Ballade de Buster Scuggs » nous présente un hors-la-loi à la réputation sulfureuse et provoqué en duel à deux reprises. « Près d’Algodones » s’intéresse à un cowboy qui tente de braquer une banque mais est rattrapé par son destin. « Ticket repas » traite les galères rencontrées par un impresario qui trimballe son cirque ambulant et son unique artiste, Harrison, qui n’a ni bras ni jambes.

Par la suite, « Gorge dorée » retrace la journée pleine de rebondissements d’un orpailleur à deux doigts de trouver un filon d’or. Dans « La fille qui fut sonnée », deux frère et soeur prennent la route de l’Oregon mais rencontrent de nombreuses complications. Enfin, dans « Les Restes mortels », nous assistons à la longue discussion qu’ont cinq passagers d’une diligence aux origines différentes.

Jamais pensé par ses réalisateurs pour être une série (contrairement à ce que l’on a pu lire ici et là), La Ballade de Buster Scruggs est un film à sketches où se rencontrent des personnages aux horizons aussi divers que leurs motivations. Inégal dans la longueur des chapitres et leur qualité, La Ballade de Buster Scruggs n’en est pas moins un long métrage qui vaut le coup d’oeil.

A travers des récits qui n’ont rien en commun - si ce n’est des paysages liés à l’époque dépeinte -, le film en dit long sur la condition humaine, les croyances personnelles et le rejet des conventions. Tout cela est bien évidemment amené sous des thématiques fédératrices et populaires telles que la ruée vers l’or, les freak-shows ou le goût pour les armes à feu (complètement lié au second amendement).

Satire d’une époque révolue, La Ballade de Buster Scruggs porte un regard bienveillant sur cette période digne de La petite maison dans la prairie où l’on se battait littéralement pour s’en sortir, où les femmes étaient trop souvent vues comme une monnaie d’échange et où la solitude n’était pas mal vue mais applaudie.

Grands talents

Pour porter à l’écran ces histoires, Joel et Ethan Coen ne se sont pas entourés de n’importe qui. Buster Scruggs est incarné par un Tim Blake Nelson absolument magistral tandis que l’incapacité de James Franco à mourir dans « Près d’Algodones » a de quoi ravir. Liam Neeson est un impresario rongé mais fidèle dans « Ticket repas » alors que Tom Waits est sans Pitié en chercheur d’or dans « Gorge dorée ». Zoe Kazan sort du lot dans « La fille qui fut sonnée » et Brendan Gleeson donne tout son intérêt à « Les Restes mortels ».

Présenté en compétition officielle à la dernière Mostra de Venise, La Ballade de Buster Scruggs fait logiquement penser aux précédents westerns des frères Coen : No Country for Old Men et True Grit. Et cela, notamment parce que les trois films ont été tournés au Nouveau-Mexique.

Prouesse visuelle et technique à la fois, La Ballade de Buster Scruggs impressionne par la singularité de ses chapitres et des atmosphères créées. Plus méticuleux que jamais, Bruno Delbonnel et Mary Sophres ont fait un travail conséquent sur la photographie et les costumes. A l’instar d’Ave, César, La Ballade de Buster Scruggs rend hommage à une époque pourtant largement représentée au cinéma.

Aussi décalé que leurs précédents films, La Ballade de Buster Scruggs ravira tous les fans des cinéastes. En condensant ce qu’ils savent faire de mieux (les chutes inattendues, les dialogues profonds, les personnages surprenants), Joel et Ethan Cohen pourrait bien avoir signé le film de Noël le plus improbable de l’année.
 
wyzman

 
 
 
 

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