Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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Robin des Bois (Robin Hood)


USA / 2018

28.11.2018
 



KING’S MAN





« On les veut têtes baissées et à genoux !»

« Je pourrai vous ennuyer avec l’Histoire, mais vous n’écouteriez pas. » Ce qui est bien avec Robin Hood, c’est que le héros est fictif et a su traverser le temps d’abord oralement puis par différentes versions écrites. On peut en faire ce qu’on en veut : il n’y a aucune preuve.

Oublions donc l’histoire médiévale, le conte pour enfants, ou les légendes cinématographiques incarnées par des quadras virils.

Ce Robin des Bois est une fantaisie distrayante, trop moderne dans son style pour être autre chose qu’un produit dans l’air du temps, trop contemporaine dans ses ingrédients pour être authentique.

Mais au moins, confessons-nous, on prend un plaisir très coupable à vivre ces aventures « rebootées » du Prince / voleur. En l’envoyant en Croisade au Proche-Orient, le scénario fait une première similitude avec notre époque : Otto Bathurst filme les batailles comme la guerre en Irak ou en Afghanistan. Torture, décapitation, prisonniers : pas de quartier. De la même manière l’attaque finale ressemble à une guerrilla urbaine anti G-20. On ne sera pas surpris d’être happé par une course poursuite avec des chars et des chevaux comme s’il s’agissait d’une traque en voitures.

« Ca prend un voleur pour attraper un voleur » <^> Les croisades sont donc une guerre qui nécessite une sainte alliance entre l’autorité sécuritaire d’un Shérif (à l’égo boursouflé) et le Vatican (sans morale). Les citoyens sont exploités, surtaxés. Bref il manque plus que le gilet jaune. Les inégalités sociales conduisent alors à un deuxième récit qui s’entremêle à la vengeance de Robin contre le Shérif de Nottingham : quels moyens pour destituer le despote (aka démocratie participative idéaliste, social-démocratie tendre, résistance armée, insoumission etc…).

Avec la musique d’un blockbuster qui souligne les effets dramatiques du récit, ce mix action-romance a surtout l’audace de pointer du bout de la flèche les populistes islamophobes. C’est finalement une sorte d’House of Cards qui nous est proposé, où chacun manœuvre pour accéder au pouvoir. Ne serait-ce que pour cette partie un peu politisée, le film n’est pas si fade qu’il n’en a l’air.

Pour le reste, le casting est assez inégal. Taron Egerton ressemble étonnement à son producteur Leonardo DiCaprio. Il manque d’une alchimie avec Eve Hewson, convaincante en Marianne lanceuse d’alerte révolutionnaire. Jamie Foxx est en service minimum et Jamie Dornan n’a aucune épaisseur face à un Ben Mendelsohn en pleine forme.

Etrangement anti-clérical, la production s’offre des soirées orgiaques à la Gatsby pour illustrer la débauche de l’élite. C’est anachronique à la Baz Luhrman et speedé comme un Guy Ritchie. Mais en faisant de ce Robin des bois un Batman (Bruce Wayne le jour, héros masqué la nuit), les producteurs ont voulu être trop gourmands en ouvrant sur une suite en suspens là où on attendait au moins un point pour changer éventuellement de page. Si bien que le film ne s’achève pas. Et nous laisse deviner que la guerre civile promise n’aura peut-être pas lieu.
 
vincy

 
 
 
 

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