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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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L'heure de la sortie
France / 2018
09.01.2019
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CLASSE VERTE
Jour de rentrée des classes pour Pierre en tant que professeur suppléant dans un collège; il y arrive pour remplacer un professeur qui s'est suicidé devant des élèves de 3ème. Si les autres profs ressemblent à la caricature habituelles de la profession, un petit groupe d'élèves sont justement rassemblés là pour un programme expérimental adapté à l'excellence de leurs notes dans chaque matière. Peut-être sont-ils plus intelligents ou plus surdoués mais ils montrent une certaine insolence déstabilisante. A chaque fois que l'un d'eux lève la main pour dire quelque chose Pierre essaye de ne pas perdre pied. Il y a quelque chose qui est inquiétant avec ce groupe d'élèves, c'est de plus en plus perturbant alors qu'arrive l'heure de la sortie...
Quand l'adolescence - ou plus généralement l'enfant - représente une menace pour l'adulte, on a déjà là un élément fort de bouleversements, mais aussi un bon sujet de cinéma, qu'il s'agisse de fantastique comme Le Village des damnés de John Carpenter ou de drame comme Le rubanc blanc de Michael Haneke (on pense ici fortement à Funny Games). C'est avec ce thème que le cinéaste Sébastien Marnier veut là nous inquiéter voir nous interpeller avec L'heure de la sortie. Il réalise d'ailleurs ici un film à la structure presque inverse à celle de son précédent, l'impeccable Irréprochable avec Marina Foïs : le personnage principal était dérangé et bouleversait les gens autour d'elle, ici le prof Laurent Lafitte est peu à peu contaminé par la peur de quelques enfants en face de lui. Un petit groupe d'élève est manifestement soudé autour de quelque chose que eux seuls partagent et qui serait un danger...
A saluer la prestation de Laurent Lafitte qui une nouvelle fois s'aventure dans un film fragile et qui sort grandi un peu grâce à son interprétation, comme ça a été le cas pour K.O. ou Paul Sanchez est revenu!.
Le mystère se dévoile au fur et à mesure avec une ambiance de plus en plus oppressante, qui joue d'ailleurs avec certains clichés du fantastique (malvenus pour tout dire). Il est évident, dès le début, que pour n'importe quel spectateur ce petit groupe de jeunes flippants (et flippés) est particulièrement étrange. Mais, bizarrement, dans le film seul le nouveau prof semble s'en apercevoir : cela entame un peu la crédibilité du récit. Quelques indices sont glissés dans une image ou dans un dialogue. Avant que la clé du mystère ne soit finalement révélée, l'histoire se perd un peu dans divers événements improbables (et en fait sans guère d'intérêt), autant dans la vie privée du prof (l'électricité qui tremble, l'eau polluée, des insectes...) que dans la vie secrète des enfants (leurs vidéos cachées, leurs défis idiots...). On sent la construction factice d'une atmosphère pour que le film bascule dans le genre, sans franchement s'y abandonner.
En effet, il s'installe une certaine paranoïa à la fois chez le prof qui cherche à comprendre, et chez le spectateur qui peine à comprendre : le final alarmiste va enfin éclairer cette sombre histoire apocalypto-écologiste, où la jeunesse condamne les générations antérieures à une sorte de pacte avec le diable. No futur ? En tout cas, loin d'être irréprochable, et malgré plein de bonnes idées et de belles intentions, le film semble trop fragile pour assumer son ambition de nous faire peur ou de nous faire prendre conscience (au choix) que la menace sourde est ailleurs, là où personne ne se soucie de vous entendre crier. Kristofy
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