Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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Doubles vies


France / 2018

16.01.2019
 



LES ANCIENS CONTRE LES MODERNES





"La presse est toujours excellente, pour les séries !"

Olivier Assayas dans le registre de la comédie, voilà une proposition qui étonne autant qu’elle ravit. C’est d’ailleurs la propension du cinéaste français à chercher à se renouveler, et à surprendre, qui fait que l’on a pour son cinéma une tendresse particulière. Sans aucun doute, Doubles vies tranche autant avec Personal shopper qu’avec Sils Maria, ses deux derniers longs métrages, et se distingue globalement du reste de son travail. Il y aborde pourtant un thème qui parcourt de manière sous-jacente son œuvre : la transformation perpétuelle du monde, et la manière dont on s’y adapte.

C’est dans le milieu de l’édition qu’il a choisi de placer ses personnages. Le microcosme est effectivement parfait pour observer à la fois la lutte des idées et les enjeux intimes, mais ça pourrait aussi bien être le monde du cinéma. D’autant qu’un personnage s’y moque (perfidement) de la perte d’influence de la Critique...

Le film suit donc une poignée d’amis dans une succession de déjeuners, soirées et conférences donnant lieu à d’interminables conversations à bâtons rompus sur le cours du monde, de la civilisation de l’écrit au mirage du tout numérique, en passant par le droit d’un auteur à mettre en fiction la vie intime de ses proches. Les séquences sont longues, juxtaposées les unes aux autres sans scènes de transition, et reposent uniquement sur des dialogues qui semblent souvent sur-écrits, extraordinairement dialectiques, échanges systématiques d’arguments et de contre-arguments pour penser le monde d’aujourd’hui. À la longue, cela semble terriblement mécanique, voire artificiel, et surtout assez creux. Et cela bien que l’on rie énormément devant ces joutes verbales particulièrement bien écrites.

Car pour ce qui est de l’aspect comédie, Olivier Assayas met en plein dans le mille. L’ironie et l’autodérision sont sous sa plume des armes d’ultra précision qui font oublier la platitude des situations et d’une mise en scène réduite au strict minimum. Les comédiens sont eux-aussi impeccables, semblant prendre un plaisir non feint à ce jeu de chamboule-tout parfois cruel. On connaissait le talent de Binoche ou Macaigne dans le registre de l’humour, mais on ignorait totalement celui de Nora Hamzawi dans le domaine du jeu. Or elle s’avère excellente, incarnant avec une justesse admirable le personnage le plus sensible et le plus touchant, et donc le plus intéressant, du film.

Doubles vies, comme son titre le laisse deviner, joue sur les mensonges et les situations en miroir, mais aussi sur ces existences parallèles que l’on aimerait vivre « en plus ». Il apporte ainsi une réponse légère et joyeuse à ses propres interrogations sur le couple, entité à géométrie variable qui ne saurait souffrir aucune règle de fonctionnement. Alors, certes, il ne deviendra probablement pas notre Assayas préféré, mais rien que pour cette vision décomplexée de l’amour et de ses multiples formes, on lui pardonne ses maladresses un poil didactiques.
 
MpM

 
 
 
 

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