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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Ben Is Back
USA / 2018
16.01.2019
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REQUIEM FOR AN ADDICT
« On ne peut pas les sauver mais tu t’en voudras toute ta vie si tu n’essayes pas. »
Six ans après l’oubliable La Drôle de vie Timothy Green, Peter Hedges est de retour derrière la caméra pour Ben Is Back, un drame familial nécessaire.
Amour et haine
Quelques heures avant Noël, Ben, 19 ans, revient dans sa famille après des mois d’absence. Sa mère, Holly, l’accueille à bras ouverts mais redoute qu’il ne cède à nouveau à ses addictions. Commence alors une nuit de tous les dangers, où l’amour inconditionnel de cet mère prête à tout pour son fils va être mis à rude épreuve.
Disons-le d’entrée de jeu, Ben Is Back a l’avantage de sortir quelques jours seulement après Noël et avant le difficile mais poignant My Beautiful Boy de Felix ven Groening — l’autre film qu’il convient d’avoir vu sur ces parents qui tentent de sauver leurs enfants toxicomanes.
Placer l’action de Ben Is Back pendant les fêtes de fin d’année est loin d’être anodin. Parce que la période est propice aux réunions familiales et à l’exacerbation des sentiments et des tensions, le retour de Ben est loin d’être bien vu de tous. Ses petits demi-frère et soeur, trop jeunes pour se souvenir de ce qu’il a fait subir à sa famille à cause de sa dépendance à l’oxycodone, ont l’impression de retrouver leur camarade de jeux. Mais sa soeur et son beau-père (remarquablement joués par Kathryn Newton et Courtney B. Vance) ne voient pas cette nouvelle incursion de Ben d’un très bon oeil. Conscients de l’importance de protéger ceux qui le souhaitent vraiment, ils ne vont cesser de tenter de raisonner Holly.
Et c’est finalement le parcours émotionnel de cette dernière que Ben Is Back montre avec brio. Présentée comme une simple mère courage, le personnage est à la fois touchant et agaçant car le spectateur ne peut s’empêcher de comprendre ses motivations tout en souhaitant qu’elle fasse passer les autres membres de sa famille en premier. Mais cela en ferait-il une meilleure mère ? C’est la question à laquelle Ben Is Back répond, avec une dureté toute relative.
Sii les films sur la drogue ne manquent pas, force est de reconnaître que Ben Is Back vaut le détour pour l’humour et la légèreté que Peter Hedges parvient à distiller dans son scénario. Car Ben Is Back est certes un film complexe mais son scénariste n’a pas oublié pour autant qu’à côté de chaque conflit familial se trouvent des petits moments de complicité entre les membres.
Un duo magique
Pour porter son film, le réalisateur a pu compter sur le talent de son fils, l’excellent Lucas Hedges que l’on a pu voir briller dans Manchester by the Sea, Lady Bird et plus récemment Boy Erased. Très à l’aise dans son rôle d’adolescent accro aux antidouleurs à la suite d’une blessure grave, Lucas Hedges n’en finit pas d’impressionner. A tel point que l’on se demande comment il est possible que l’on en ait pas davantage entendu parler.
Dans le rôle de la mère, c’est avec un plaisir loin d’être limité que l’on retrouve la géniale Julia Roberts. A la fois forte et fragile, courageuse et butée, elle donne vie à un personnage loin d’être simple à incarner. En effet, Holly n’est la mère de famille typique que l’on trouve habituellement dans une banlieue américaine. Complètement sereine face à son propre jeu, celle que l’on peut désormais retrouver dans la série Homecoming s’en donne à coeur joie et embarque le spectateur dans un périple dont l’issue est incertaine. Face à des proches peu avenants et des policiers loin d’être motivés, Julia Roberts signe une performance absolument remarquable.
Drame familial peut-être, Ben Is Back dépeint surtout et avant tout la relation qui lie cette mère à son fils. A l’instar de My Beautiful Boy, la famille ne sert ici que de cadre pour présenter la singularité du lien entre un parent et son enfant aîné. Si la première partie du film de Peter Hedges montre avec une certaine cruauté la violence du retour de Ben, la seconde est complètement centrée sur ce duo époustouflant et qui vaut bien toutes les crises de nerfs du monde.
Si techniquement Ben Is Back ne révolutionne pas le genre, force est de reconnaître que c’est tout à son honneur. Le réalisateur-scénariste Peter Hedges nous emmène avec une certaine prudence dans les tréfonds de l’addiction. Simple mais efficace. wyzman
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