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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Another Day of Life
Espagne / 2018
23.01.2019
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DE GUERRE LASSE
Le documentaire animé a le vent en poupe, et cet Another day of Life inspiré du récit autobiographique du grand reporter polonais Ryszard Kapuscinski surfe clairement sur la vague en nous emportant au cœur de la guerre civile angolaise. Mêlant séquences en animation (qui reconstituent les épisodes tragiques vécus par le personnage), images d’archives d'époque et témoignages contemporains, le film s’ouvre sur une séquence survitaminée imitant le mouvement spectaculaire d’une grue aérienne, qui donne immédiatement le ton : choc, ostentatoire et dénué de finesse. Cela se confirme assez vite avec des images en prise de vue réelle, censées nous donner un aperçu de la capitale Luanda, montrant principalement des femmes danser dans des tenues sexy, et qui reviennent à trois reprises en quelques minutes.
Cela ne s’arrange pas lorsqu’il s’agit d’aborder la question de la guerre, traitée en animation comme dans un jeu vidéo (à grands renforts de bullet time et de sang qui gicle) et dans la partie documentaire comme un formidable levier lacrymal. La séquence où l’un des protagonistes revient sur la route où il avait découvert à l’époque des dizaines de corps criblés de balles est d’une complaisance telle que l’on pense avoir atteint le fond en matière d’instrumentalisation du drame et de la douleur d’autrui. Il n’en sera rien, et le reste du film sera à l’identique, du parallèle maladroit avec la deuxième guerre mondiale à une audacieuse scène d’insecte qui flambe pour évoquer d’autres crimes de guerre.
Si les images d’archives (notamment celles qui montrent la véritable combattante Carlotta) nous touchent et nous captivent, tout le reste est si ouvertement pensé pour choquer et faire pleurer dans les chaumières qu’on se désintéresse vite de ces émotions sur commande. Reste un travail d’animation qui a quelques fulgurances dans ses moments les plus oniriques, mais dont l’utilisation de la rotoscopie n’apporte malheureusement pas grand chose.
MpM
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