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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Lagaan
Inde / 2001
26.06.02
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LA GAGNE
"- Ce pays a de l'avenir dans ce jeu."
Un film bollywoodien de plus de 3 heures (avec entracte), est-ce vraiment raisonnable ? Lagaan rassemble tous les ingrédients excessifs d'un film indien : romance, musiques, tragédie, jalousie... Certes, l'aspect hollywoodien, le lissage occidental dans la forme, nous semble manquer d'épices. Son THX, direction artistique à la Titanic, nous voilà dans Il était une fois en Inde... Une oeuvre soignée qui mondialise le style souvent " kitsch " des productions de Mumbay (ex Bombay).
L'amour et l'aventure se mélangent à l'histoire et un brin de message politique sur le colonialisme anglais. Ce drame " en chanté " offre une perspective romanesque à une période où l'Inde devait subir l'humiliation de l'Angleterre. Le film n'est pas si dual ; les traîtres sont partout, et certains ennemis sont "fair-play".
Lagaan a même la subtilité de montrer ce que la mondialisation, les échanges entre des peuples qui cohabitent souvent sans dialoguer, apportent en richesses. Des films comme La Coupe (Bouthan) traitent aussi de cette incursion de la civilisation dans les cultures traditionnelles. Même s'il ne s'agit que d'un arrière plan, la philosophie positive et constructive du scénario contribue à partager un moment de bonheur, certes un peu candide. Car les couleurs sont chatoyantes, les chorégraphies flamboyantes, l'image a une ampleur de cinémascope, et la dramatisation est un peu excessive. Les histoires d'amour sont les plus naïves, les plus ringardes, les moins crédibles. On plonge dans la collection Arlequin, notamment avec le personnage d'Elisabeth. Notre regard devient immédiatement celui de spectateurs voulant s'amuser, se moquer, chanter en karaoké.
Heureusement, le film joue du sucré et du salé. Il flirte avec le western de Sergio Leone, le romanesque de Douglas Sirk, l'épopée sportive des Chariots de Feu, les chorales à la Broadway. Le script s'inscrit dans un héritage typiquement occidental. L'exubérance colorée contraste avec le chic élégant, comme le chaud s'oppose au froid. L'intouchable est invraisemblablement intégré dans cette oeuvre sur la tolérance. Car il s'agit bien du combat d'une seule Inde, unifiée, contre l'envahisseur tout en faisant l'éloge des rites, des religions, des origines et des langues. La plus belle scène survient lors de la division des castes.
Lagaan impose d'abord l'enjeu : un défi absurde et fiscal. Puis il s'achève dans un match de cricket. Un très long match de cricket. C'est Calais contre le PSG, David contre Goliath, c'est le Cameroun en demi finale du Mondial. Alors que nous avons subit le must du ringard (la chanson façon soupe sirupeuse), nous voilà immergé dans un combat sportif crucial et interminable. Et un ultime point rempli d'humour british de toute beauté. Certains séquences auraient pu se réduire au profit d'un rythme encore plus intense. Le montage habile nous tien en éveil.
On le savait déjà avec Mira Nair, le cinéma Indien s'ouvre au monde, sans perdre de sa tonalité. Ces 13 apôtres et leur Judas, mercenaires rebelles contre la Couronne britannique, nous offrent un spectacle magnifique, un peu étiré, un peu trop superficiel. La balle s'invite à nos pieds et invite les joueurs à refaire l'Histoire. vincy
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