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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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TIP TAUPE
"- Normalement, les blaireaux ne peuvent pas monter aux arbres !
- Est-ce que normalement les animaux parlent ?"
Au premier abord, ce premier film de Trevor Hardy (Pumpkin) ne semble pas particulièrement briller par son originalité, avec ses enjeux classiques, exposés de manière presque scolaire dans les premières scènes du film, et ses habituels personnages archétypaux remplissant toutes les cases du genre « film initiatique jeune public ». On se cale donc dans son fauteuil en pilote automatique, persuadé que l’histoire de cette jeune taupe qui rêve de devenir footballeur, alors que tout le monde attend de lui qu’il aille travailler à la mine voisine, ne parviendra guère à nous surprendre. Pourtant, si la trame du scénario reste effectivement relativement attendue, le traitement de l’intrigue, l’humour des dialogues et la créativité dans le design des personnages (dans une laine duveteuse qui permet un joli travail visuel sur les textures) et des lieux nous tirent assez rapidement de notre torpeur. On rit beaucoup devant ce film farfelu qui n’hésite pas à multiplier les clins d’œil à l’adresse du spectateur et à se moquer de lui-même, en tournant en dérision toutes les étapes habituelles de ce type de film.
On sent clairement chez Hardy l’influence de Aardman (chez qui il a travaillé quelques temps), notamment dans ses enchaînements très visuels d’actions (par exemple lorsque la mère de Mango cuisine ou fait la valise de son fils) qui évoquent les mécanismes plus ou moins bien huilés et les machines infernales de Wallace et Gromit. Le cœur du film (la nécessité de gagner un match de foot pour préserver la vie de son village) n’est pas non plus très loin du Cro Man sorti par Aardman en 2018.
Mais on pourra difficilement se plaindre que le réalisateur ait su adapter à son propre projet la maîtrise et la virtuosité développée dans le studio britannique. Au contraire, c’est justement ce qui permet au film de s’extraire du motif ronronnant du récit initiatique pour aller vers plus de folie et de fantaisie. Ça, et des dialogues qui n’hésitent pas à solliciter la complicité du spectateur, voire à prendre un recul presque ironique par rapport au récit. Si les petits spectateurs risquent de connaître quelques moments de tristesse et de peur, vite balayés par l’hilarante bêtise crasse des personnages négatifs, les adultes, eux, devraient passer un moment plutôt agréablement régressif.
MpM
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