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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Le Chant du loup
France / 2019
20.02.2019
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GROS POISSON
Pour son premier long métrage, le diplomate et scénariste Antonin Baudry nous offre une plongée passionnante mais éreintante dans les profondeurs marines. On valide !
Héros parmi les hommes
Chanteraide a un don rare, celui de reconnaître chaque son qu’il entend. A bord d’un sous-marin français, tout repose sur lui. Il est l’Oreille d’Or. Réputé infaillible, il commet pourtant une erreur qui met l’équipage en danger de mort. Voulant retrouver la confiance de ses camarades, il se lance dans une quête qui va tous les entraîner dans une situation encore plus dramatique.
Voilà pour le pitch de ce film qui n’a rien à envier aux grosses productions américaines, malgré un budget de « seulement » 20 millions d’euros. Réalisé avec la participation (indispensable) de la marine française, Le Chant du loup s’intéresse au quotidien de ses hommes (et quelques femmes) qui protègent nos eaux et nos vies et passent parfois des semaines entières loin de la surface de la terre.
Pour faire pénétrer son spectateur novice dans ce milieu très réglementé, Antonin Baudry nous laisse donc avec Chanteraide, un opérateur indispensable mais malgré lui humain. Car entre deux séquences d’héroïsme et de bravoure, c’est bien d’humanité que Le Chant du loup traite ainsi que de la volonté de chacun de réparer ses erreurs. Malheureusement, dans un monde désormais régi par la dissuasion nucléaire et la désinformation, les efforts de Chanteraide pourraient sembler vains.
Déjà passionnant dans Elles de Malgorazata Szumowska puis Frank de Lenny Abrahamson et enfin Made in France de Nicolas Boukhrief, François Civil prouve ici qu’il a la carrure d’un grand, d’une tête d’affiche. Et ce, même lorsque son nom est accolé à ceux d’Omar Sy, Mathieu Kassovitz ou encore Reda Kateb.
Thriller convaincant
Si le sous-texte concernant l’exécution des ordres dans la marine a de quoi faire plisser des yeux, force est de reconnaître que Le Chant du loup est techniquement impeccable. A commencer par son scénario qui, malgré quelques petites longueurs, tient la route et propose une belle galerie de personnages masculins en symbiose avec leur fonction. Vient ensuite ce travail réalisé sur le son qui a de quoi désarçonner tant on en vient à vouloir applaudir le travail de tous les ingénieurs et mixeurs lorsque le générique de fin apparaît. Enfin, il y a cette photographie qui rend justice au décor principal (l’intérieur d’un sous-marin) tout en étant littéralement solaire.
En mettant en scène les répercussions de la chaîne de commandement et le paradoxe des procédures, Le Chant du loup réussit l’exploit de passionner durablement tout en laissant sa marque sur la rétine. Outre les acteurs cités plus haut, on saluera le talent d’Etienne Guillou-Kervern, Nicolas Van Beveren, Damien Bonnard, Jean-Yves et Alexis Michalik, des hommes qui marquent aussi les esprits par leur charisme. Enfin, impossible de ne pas mentionner la présence de Paula Beer, rare femme présente à l’écran mais pourtant si utile au sublime plan final.
Sans avoir la prétention de ringardiser Octobre rouge, U-571, ou même d'Abyss ou USS Alabama, Le Chant du loup est la preuve que le cinéma français est capable de produire de grands et profonds blockbusters, loin des studios d’EuropaCorp. Sans parler de claque, le premier film d’Antonin Baudry est une odyssée qui ne s’oublie pas. wyzman
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