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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Moins de deux ans après l’extraordinaire Get Out, Jordan Peele est de retour avec Us, sublime film d’horreur sur une Amérique qui a peur de son ombre.
Double maléfique
En 1986, à Santa Cruz, la jeune Adelaide Wilson s’égare lors d’une sortie à la fête foraine. Dans un palais des glaces désert, elle rencontre son double en chair et en os. De nos jours, elle revient sur la côte californienne pour des vacances avec son mari et leurs deux enfants. Mais une multitude de coïncidences réveille en elle de quelque chose de profondément enfoui. Et pour couronner le tout, un soir, une famille composée par leurs doubles débarque dans leur maison de vacances…
Miroir d’une Amérique hantée par ses démons intérieurs, Us pourrait être un survival movie comme un autre s’il ne faisait pas la part belle à un casting principal composé d’acteurs noirs — les fameux « premiers à mourir dans un film d’horreur ». Avec un montage parallèle très efficace, Jordan Peele met le spectateur face à sa plus grande peur : qui suis-je ?
Embarqués dans une intrigue qui peut sembler simple (tuer ou être tué), on ne peut qu’apprécier la maîtrise technique dont le scénariste et réalisateur de Get Out fait ici preuve. L’homme de 40 ans qui s’est fait connaître grâce à la série de sketches Key & Peele montre une fois de plus qu’il sait doser. Le scénariste d’Us enchaîne les séquences bourrées de suspense et distille ici et là quelques doses répliques savoureuses.
Un grand film d’auteur
Moins déroutant que Get Out, Us a pour lui la chance d’être porté par des acteurs au talent certain. Tête d’affiche, Lupita Nyong’o dévoile véritablement toute l’ampleur de son talent ici. A la fois elle et autrui, elle surprend, ravit, effraie. Et bien plus encore ! A ses côtés, Winston Duke n’est pas en reste. Dans la peau du papa fun et ringard, il offre au spectateur des bouffées d’air frais loin d’être négligeables. Ensemble, les deux acteurs que l’on a vu l’an dernier dans Black Panther s’imposent en nouvelles icônes d’un genre qui ne semblait pas fait pour eux.
Très proche d’un cinéma hitchockien, Us jouit de ses références bibliques et filmiques. En effet, lorsqu’il ne filme pas des oiseaux marins peu rassurants, Jordan Peel s’amuse à faire apparaître des « 11:11 » (un chapitre 11 verset 11 de la Bible annonciateur de la fin du monde) ici et là et fait porter un t-shirt « Thriller » à son héroïne avant de laisser le fils de celle-ci courir dans un T-shirt « Jaws » (Les Dents de la mer en VF).
Mais c’est bien sa finesse de l’écriture et de la mise en scène qui fait Us un film incontournable. Bien que présente à l’écran, la violence physique n’indigne pas. Ce qui surprend. Il est ainsi davantage question de troubles mentaux et de désir de vengeance qu’autre chose. Des thèmes que le réalisateur abordait déjà avec brio dans son premier long métrage.
Film d’horreur et thriller fantastique croisé à un drame familial, Us coche différentes cases sans jamais entrer pleinement dans l’une d’entre elles. A la fois fable et satire, le film n’engendre pas de révolution cinématographique et permet à son auteur de s’ériger en cinéaste de génie. On aime, on recommande et on s’éloigne des miroirs ! wyzman
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