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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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C'est ça l'amour
France / 2018
27.03.2019
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GONE GIRL
« Nos enfants seront plus beaux et plus heureux que nous. »
Pour son premier long métrage en solo, Claire Burger (révélée avec ses courts métrages Forbach ou C’est gratuit pour les filles, co-réalisés avec Marie Amachoukeli, et lauréate d’une Caméra d’or à Cannes pour Party girl, également co-réalisé avec Marie Amachoukeli, ainsi qu’avec Samuel Theis) s’empare d’une histoire en apparence banale et rebattue, la détresse d’un homme que sa femme vient de quitter, et la transcende jusqu'à atteindre l’équilibre parfait entre récit ténu et sentiments véritables. Entre humour et émotion, C’est ça l’amour, qui porte plutôt joliment son titre aux sens multiples, accompagne en effet un père et ses deux filles, qui sont tous les trois, chacun à leur niveau, aux prises avec l’amour et les sentiments.
Toujours sur le fil, déjouant les attentes et les écueils, le film ne fait pas de remous, et pourrait même paraître trop modeste. C’est pourtant tout le contraire tant cette simplicité narrative exhale la complexité émotionnelle et la justesse des élans du cœur. On est tout entier avec Mario, perdu dans sa propre vie, abasourdi par le vide dans lequel le laisse l’abandon, mais aussi avec Frida, qui découvre les premiers émois amoureux, et avec Niki, qui refuse ces mêmes émois, éprise de liberté et d’indépendance.
Par quel mécanisme étrange ne comprend-on jamais autant la vie réelle que lorsqu’on la découvre sur grand écran ? Avec les yeux tristes et paumés de Bouli Lanners, on a l’impression de redécouvrir comme pour la première fois les conséquences des jeux de l’amour et du désamour. Peut-être parce que Claire Burger manie avec autant de précision la bienveillance que la retenue, et n’a pas peur de filmer frontalement les moments de creux, les instants de désespoir, et même les coups de folie. Sûrement aussi parce qu’elle ne juge personne, et ne cherche pas à psychologiser les errements et les douleurs de ses personnages. C’est vrai, certaines scènes pourraient sembler appuyées ou caricaturales, et pourtant tout tend vers une sorte d’état de grâce inattendu où l’on ne distingue plus la vie réelle de la fiction.
Ne serait-ce que pour ce miroir-là, il ne faut pas rater C’est ça l’amour, et vibrer, rire, pleurer, s’énerver, et rire à nouveau avec des personnages qui nous ressemblent, englués dans des vies qui pourraient être les nôtres, aux prises avec des montagnes russes émotionnelles que l’on a tous traversées au moins une fois.
MpM
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