Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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Blanche comme Neige


France / 2019

10.04.2019
 



POMME POMME GIRL





« On est tous un peu bizarres, non ? »

On le saura : la Pink Lady est plus intéressante que la Granny Smith. Le rose rougeoyant plus savoureux que le vert pétant. Blanche comme Neige n’est pas un traité sur les pommes, mais utilise tous les aspects du conte des frères Grimm, dont ce fameux fruit qui, empoisonné, peut tuer sa croqueuse.

Ici la croqueuse de pommes est aussi une croqueuse d’hommes. Car, en revisitant le conte, la réalisatrice s’en sert pour poursuivre son œuvre sur l’émancipation (notamment par la chair), la liberté (loin du conformisme dicté par la société) et l’affranchissement (aux conventions).

La belle-mère c’est Huppert, égale à elle-même, presque caricaturale, en marâtre cruelle et manipulatrice. Le chasseur est tueuse. Les sept nains se réincarnent en autant de mâles vigoureux ou sensibles, platoniques ou libidineux. Libraire, sportif, mélomane, ouvrier, véto, curé… Au passage la cinéaste s’offre de beaux portraits masculins, avec ces hommes souvent névrosés, pas mal abimés ou pas loin de la dépression.

Inégal

Malicieux, le scénario s’amuse des codes déjà connus de tous, abusant sans doute du rouge sang. Le château est un hôtel de luxe. Et se refléter dans un de ses miroirs peut s’avérer source de jalousie. Quelques animaux s’invitent. Anne Fontaine fait de Claire aka Blanche Neige (Lou de Laâge transcende le film et pas seulement par sa beauté incandescente) une jeune femme qui commence une deuxième vie comme elle l’entend, rejetant toute attache et embrassant toute opportunité. Ce n’est plus la captive des lisières mais bien une femme libérée dans les bois.

Loin de la ville, Claire découvre le bonheur et le plaisir, éclot comme une fleur pour irradier de beauté, ne résistant pas aux tentations. C’est une page blanche et elle en écrit enfin les premières lignes.

Malheureusement, tout est assez prévisible une fois les premiers chapitres enchaînés. Dénué d’incertitude, le film se laisse aller dans un portrait qui s’étire parfois en longueur avec des séquences prévisibles ou peu dramatiques, souvent pour faire exister les personnages qui gravitent autour de Claire. Blanche Neige, un peu nympho, s’improvise guérisseuse de mecs maladroits sans voir venir l’abominable complot de sa belle-mère.

L'école de la chair

Cependant, comme dans tous les autres films de la réalisatrice, ce qui intéresse ici est le traitement du désir. Mal aiguillé (orgueil, envie, frustration …), il peut être psychotique. Bien assumé, il est une source d’énergie, de générosité et d’amour. Il est de toute façon loin d’être un amusement. C’est la vie qui brûle dans les veines. Entre la reine des cœurs et la reine des piques, on sait comment tout cela finira. Et le duel attendu est presque décevant. C’est pourtant ailleurs que le film prend de la hauteur. Dans son aspect hitchcockien, avec cette esthétique parfois années 50, où l’objet de fascination reste intact et pur de bout en bout malgré les dangers qui rodent autour ou les jugements moraux qui pourraient l’atteindre.

La Blanche Neige d’Anne Fontaine est une femme dominante qui refuse qu’on lui dicte sa vie. La cinéaste réussit très bien la transposition moderne du conte et en partie sa psychologisation. Le portrait de la femme est beau et touchant. Mais le film manque de variations (même les scènes un peu décalées, plus légères, sont trop distantes pour nous faire sourire). En se complaisant dans le dramatique et en cherchant à tout montrer et tout dire, le film s’enlise dans un stéréotype de psychodrame. A cause de cette faiblesse dramaturgique et de ce découpage relâché, ce récit empêche Blanche comme Neige de passionner le spectateur de bout en bout.
 
vincy

 
 
 
 

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