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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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After : Chapitre 1 (After)
USA / 2018
17.04.2019
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CINQUANCES NUANCES DE FLIRT
« Je ne crois pas qu’on puisse être juste amis. »
Décrié dès la mise en ligne des premiers teasers, After est le premier long métrage de fiction de Jenny Gage. Loin d’être une réussite, ce drame romantique a de quoi convaincre le public auquel il est destiné. Explications.
Premières fois
Promise à un avenir tout tracé (brillante carrière, mariage avec son amour d’enfance, etc.), Tessa voit son quotidien bouleverser par sa rencontre avec le mystérieux Hardin. Grossier, provocateur et cruel, tout semble les séparer. Et pourtant, ce bad boy tatoué lui fait tourner la tête.
Dès les premiers mots de la narratrice (Tessa), le ton est donné : « Avant, j’étais une jeune fille dont la vie était toute tracée. Mais ça, c’était avant que je rencontre ce garçon. Après… » Fidèle au roman dont il est adapté, After a de quoi rebuter. En effet, il s’agit clairement d’un énième film au cours duquel une jeune Américaine bien sous tous rapports se rapproche d’un garçon à l’irrésistible accent, fortement défendu par sa mère mais qui pourrait lui permettre de découvrir qui elle est, ce qu’elle veut et ce dont elle a besoin. Bref, le genre d’individus dont on se passerait bien et qui ne justifie pas tout un film mais qui, pour des raisons souvent inconnues, se révèle source d’apprentissage.
Au-delà de cette romance naissante (et forcément douloureuse), c’est là que se trouve le coeur d’After. Tessa n’a pas besoin de Hardin dans sa vie et pourtant, elle sent comme le spectateur que celui-ci a beaucoup à lui apprendre. Bien évidemment, cela passe par sa sexualité mais ça ne s’arrête pas là. Grâce à d’innombrables gros plans et ralentis, Jenny Gage met en lumière les subtils petits changements que tout un chacun subit lorsqu’il tombe amoureux pour la première fois.
Premier(vrai) baiser, premier rêve érotique, première mise à nu devant l’autre, premier rapport sexuel, première rupture, première désillusion… Le scénario de Susan McMartin, Tamara Chestna et Jenny Gage fait la part belle aux premières fois fondatrices des adultes que l’on devient par la suite. Sans jamais opter pour une approche sociologique ou psychologique, After a le mérite de nous présenter la romance de Tessa et Hardin pour ce qu’elle est véritablement : une histoire qui peut paraître anodine et niaise pour tous ceux qui ne sont pas concernés. Un très bon point !
Sueurs froides
Parce qu’au royaume des bisounours (alias le quotidien de Tessa et Hardin), tout ne peut qu’aller bien lorsque l’on est avec la personne que l’on aime, le spectateur pourrait avoir tendance à oublier qu’il s’agit ici d’un drame et non d’une comédie. Par chance, les trois scénaristes parviennent à distiller ici et là quelques rebondissements particulièrement bienvenus mais surtout salvateurs. After n’est pas un chick click, c’est un film sur l’importance de la confiance et et le poids des non-dits dans une relation. Tout simplement.
Sur le plan technique, After n’évite malheureusement pas les écueils propres aux genres. Les personnages ici mis en scène sont tous beaux (ou au moins mignons). Leurs parents sont soit particulièrement fortunés, soit dans la galère — ce qui justifie visiblement les looks de rebelles de certains personnages. Et même le cadre de l’université (eh non, l’action ne se passe pas dans un lycée) ne peut rien faire contre cette vision caricaturale voire déplaisante des différentes classes sociales dont sont issus les camarades de Tessa.
Loin d’être originale, la photographie d’After contribue malheureusement à l’impression d’être assis devant une comédie romantique générique. Et ce n’est pas la bande originale qui nous fera dire le contraire. Se croisent ainsi et dans le désordre Alessia Cara, The Fray, Pia Mia, James Bay ou encore Olivia O’Brien. Bref, que des artistes que les jeunes abonnés de Spotify connaissent bien. On regrette dès lors qu’à l’instar de Cinquante nuances de Grey, la bande originale d’After n’ait pas donné plus d’élan au scénario. Car l’ensemble reste convenu et manque cruellement de sex-appeal.
Nouvelle génération
La seule véritable surprise de ce qui pourrait se rtansformer en saga cinématographique relève du casting. Si l’on omet les cautions parentales de rigueur (Selma Blair, Peter Gallagher), la distribution est composée d’acteurs loin d’être connus du grand public. Josephine Langford (soeur de Katherine « 13 Reasons Why » Langford) incarne une Tessa bien moins compliquée qu’elle n’en a l’air tandis que Heros Fiennes-Tiffin (neveu de Ralph Fiennes) fait de son mieux pour donner vie à un Hardin loin d’être captivant.
A leurs côtés, Shane Paul McGhie (Landon) et Khadidjha Red Thunder (Jace) font très bien le boulot. Mais le seul à véritablement tirer son épingle du jeu n’est autre que Dylan Arnold (Noah). Absolument parfait en petit ami encore au lycée et complètement dépassé par le désir d’expérience de Tessa, l’acteur vu dans Nashville, The Purge et S.W.A.T. apporte émotion et humour à un drame qui en manquait cruellement. After ne permettra à aucun d’entre eux de faire carrière mais devrait tout de même amener quelques jolis rôles par la suite. C’est tout ce que l’on peut leur souhaiter.
Adaptation d’une fan fiction à l’origine basée sur Harry Styles des One Direction, After n’est pas le désastre longtemps annoncé. L’univers et le marketing qui l’entourent font incontestablement penser à Cinquante nuances de Grey. Mais là où cette dernière peinait à exciter, After réussit l’exploit de nous faire nous demander : et après ? wyzman
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