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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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90's (Mid90s)
USA / 2018
24.04.2019
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REBELLE SANS CAUSE
« Je suis déjà allé en France, les mecs sont des trouducs. »
Oubliez le Jonah Hill que vous connaissez, souvent drôlissime ou expansif. Rappelez-vous juste que le comédien a enchainé les films de Tarantino, Scorsese, Coen, Phillips, Van Sant et Korine. Un virage dramatique pris il y a sept ans et qui trouve une sorte d’aboutissement avec ce premier film en tant que réalisateur, 90’s.
Dans ce Los Angeles des faubourgs, ceux d’une classe moyenne sans glamour, il chronique un été à travers le regard d’un adolescent qui aspire à grandir. Pour cela, il supporte la rage colérique et brutale de son frère, solitaire, et s’intègre dans un groupe de skaters, se cherchant un protecteur.
Une mère un peu dépassée, un père absent. On se retrouve rapidement dans une ambiance mélangée de Larry Clark et des premiers films d’Harmony Korine (on y revient) même si l’atmosphère et la construction du récit font surtout écho aux films vaporeux de Gus van Sant (aucune coïncidence, tout est cohérent).
En moins d’une heure et demi, Jonah Hill maîtrise parfaitement son sujet, et fait un magnifique portrait de jeunesse, de celle qui rêve tout en n’espérant rien, portée par l’audace sans se prévenir des dangers. Une adolescence où la musique, les skets et le skate sont la seule culture. Ce qui pourrait être aussi triste que vide. Mais cela les remplit.
Car il s’agit bien d’un écrin saturé de soleil sur l’ennui. Mais c’est aussi le tableau tout en contrastes, avec ses fulgurances de lumière et ses zones d’ombre, d’un groupe, avec ses codes. L’importance de l’apparence, le rejet de toute fragilité, l’homophobie latente sont autant d’éléments qui ponctuent cet été initiatique. Sur le fil entre voyou et liberté.
Aussi tendre qu’attachant, le film porte un regard profondément touchant sur ces personnages. Il dessine un lien – social et familial – plus complexe qu’à première vue. Ce film sur les transgressions se repose évidemment sur ses moteurs : la solitude, l’humiliation, l’affection, le besoin d’exister…
Séduisant, le film, plus musical que dialogué, plus impressionniste que réaliste, est une œuvre minimaliste qui trouve aussi son influence dans les clips vidéo de l’époque grâce à un habile art du montage et du son. Mais en captant avec justesse les émotions de chacun, souvent sans une parole, il nous amène tranquillement vers un final où d’un côté, ça part en vrille (tout aussi soudainement que le prologue), de l’autre, chacun tombe son masque.
Jonah Hill avec 90’s signe une fable harmonieuse où l’insensibilité à la douleur va de pair
vincy
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