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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Drôles de cigognes
/ 1966
08.05.2019
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PETITS CONTES ENTRE AMIS
Nous poursuivons notre (re)découverte de l’œuvre de la réalisatrice tchèque Hermina Tyrlova avec un nouveau programme de cinq courts métrages proposés par la société Malavida, à qui l’on devait notamment déjà Ferda la fourmi et La Révolte des jouets. Comme il en a l’habitude, le distributeur a accompagné chaque film d’une « pastille sonore » introductive qui rend les films abordables même aux plus jeunes (ils sont chaudement conseillés dès trois ans).
Tout commence avec Potes en pelote, un film qui nous rappelle dans l’esprit La Boîte à tricot, autre féerie de Hermina Tyrlova découverte dans le programme L’Atelier enchanté. Des pelotes de laine y prennent vie, se transformant en petits personnages. D'abord rivales, les deux créatures masculines rivalisent d’inventivité pour séduire la créature féminine. Quelques brins de laine deviennent ainsi bouquet ou ombrelle, et une pelote se transforme tantôt en cheval, tantôt en automobile. Puis lorsque surgit un ennemi commun, c’est le moment de l’union sacrée pour le vaincre, avant que chacun retourne à son état d’objet inanimé, afin de permettre la création d’une splendide tapisserie où les trois coloris sont réunis.
On retrouve cette idée d’une coalition contre un ennemi plus dangereux dans le dernier film, Panique à la basse-cour, où chien et chat cessent de se chamailler pour chasser le jars qui s’en prend au petit garçon. Ils finissent ensuite par jouer à la balle avec les souris et l’enfant, dans une entente joyeuse qui fait plaisir à voir.
Ainsi sont les thèmes abordés par Hermina Tyrlova : simples, légers et joyeux, empruntant à l’imagerie du conte et de l’imaginaire. Des scènes minuscules dont elle montre toujours l’aspect le plus amusant ou cocasse. Même lorsque dans La Révolte des jouets, elle abordait l’ombre du nazisme, c’était par le biais d’une certaine insolence, d’une forme de résistance frondeuse dans laquelle triomphait la puissance de l’imaginaire et de la fantaisie. On retrouve cette dimension ici dans Le Cavalier dézingué, qui se déroule dans un contexte similaire : dans l’atelier de l’artisan, les petites figurines s’animent dès qu’il a tourné les talons. Mais elles ont cette fois affaire à un simple farceur, le lance-pierres qui s’amuse à tirer sur tout et tout le monde.
Le programme se veut aussi une brillante démonstration de l’art multiple de la réalisatrice tchèque, et notamment de ses différentes techniques d’animation en volume. On retrouve à la fois sa faculté à mêler prise de vues réelles et animation (dans Potes en pelotes et Le Cavalier dézingué, dans lesquels les êtres humains représentés sont à chaque fois des artisans que l’on peut voir en doubles de la créatrice) et son savoir-faire pour donner vie aux objets et aux matériaux les plus variés. C’est probablement ce qui est le plus fascinant dans son travail, la virtuosité avec laquelle se transforment les choses et les êtres. Jusqu’à parfois nous montrer l’envers du décor, lorsque la mer redevient un simple brin de laine que l’écureuil enroule effrontément autour de sa patte.
L’univers de Hermina Tyrlova fait ainsi l’effet d’un monde mouvant et fantastique qu’il nous serait donné d’observer en cachette. Une mise en image poétique et délicate de motifs universels, à l’instar de cette version enjouée mais esthétiquement sublime d’une histoire d’amour atypique entre un berger et une princesse (Le mirliton fripon), dans laquelle la dentelle cisèle les silhouettes les plus raffinées. Même chose pour les fameuses cigognes du titre qui livrent vaillamment les bébés commandés aux heureux couples de parents. Mais que faire lorsque les bébés sont deux ? La réponse donnée par Hermina Tyrlova est drôle, enlevée et pleine de douceur à la fois. Rassurez-vous, aucun bébé (fabriqués avec des brins de laine pastels qui leur font d’adorables frimousses) n’a été maltraité pendant le tournage.
C’est en revanche un véritable cadeau fait aux enfants d’aujourd’hui (mais aussi à leurs parents, oncles et tantes, voisins et amis) que de leur permettre de découvrir le savoir-faire de cette animatrice aux doigts de fée et à l’inventivité sans limite. Une bonne nouvelle n’arrivant jamais seule, après s’être émerveillés en salles devant ce nouveau programme, ils pourront regarder les autres en DVD, en attendant la prochaine ressortie magique de chez Malavida.
MpM
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