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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Les Crevettes pailletées
France / 2018
08.05.2019
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LA DIFFERENCE POUR LES NULS
- Excusez-moi, c’est ici l’Association homosexuelle pour l’intégration, la tolérance et le respect dans le water-polo ?
- On ressemble à une bande pédés ?
- Je sais pas… Non.
- EH BEN SI !
Pour son troisième long-métrage, Maxime Govare n’a pas fait les choses à moitié. Avec Cédric Le Gallo, ils rendent un bel hommage à la véritable équipe des Crevettes pailletées par le biais d’une comédie colorée et intelligente. Explications.
Un homophobe chez les homosexuels
Après avoir tenu des propos homophobes à la télévision, le vice-champion du monde de natation Mathias Le Goff est condamné à entraîner Les crevettes pailletées, une équipe de water-polo gay. Plus motivée par la fête que par la compétition, cette équipe a néanmoins l’ambition de participer aux Gay Games, le plus grand rassemblement sportif homosexuel du monde et qui se déroule en Croatie.
Davantage centré sur son un message de tolérance et d’acceptation que sur les performances physiques de ses héros, Les Crevettes pailletées réussit le pari fou de nous faire rire avec ses personnages haut en couleur et pourtant si normaux. Emmenée par le restaurateur charismatique mais malade Jean (Alban Lenoir), l’équipe est comme toutes les autres équipes, faite de personnalités singulières et d’individus souvent prêts à en découdre. Et c’est sans doute ce qui a ravi le jury de l’Alpe d’Huez qui a décerné au film de Cédric Le Gallo et Maxime Bovare un prix spécial.
En intégrant un stéréotype du sportif de haut niveau (viril, balèze et donc forcément hétérosexuel) campé par Nicolas Gob, Les Crevettes pailletées confronte le spectateur lambda à ses propres certitudes. Celui-ci est alors bien contraint de (se) réfléchir durant 100 minutes de rire sincère. Je ne suis pas homophobe mais serai-je capable d’entraîner ou simplement de fréquenter un groupe d’homosexuels ? Nous sommes différents mais sommes-nous vraiment si différents ? Des questions auxquels le film ne tente pas d’apporter de réponse franche mais laisse chacun faire sa propre introspection.
Avec beaucoup de bons sentiments et pas mal de répliques cultes (sans mauvais jeu de mots), Les Crevettes pailletées parvient à dédramatiser une situation qui est loin de l’être : même en 2019, les minorités sexuelles continuent d’être moquées et violentées en raisons de leur différence. Outre un éloge de la différence, Cédric Le Gallo et Maxime Bovare vont alors plus loin : ils proposent une comédie sur une bande de potes qui n’a rien à envier aux autres comédies sur des bandes de potes.
Portraits d’hommes d’aujourd’hui
Pour parvenir à un résultat aussi convaincant, les deux réalisateurs ont eu la bonne idée de jouer avec les clichés pour mieux les détourner. Voilà pourquoi leur équipe (légèrement réduite par rapport aux véritables Crevettes pailletées) est composée de personnages à la fois caricaturaux et plus vrais que nature.
Il y a Joël (Roland Menou), ancien militant d’Act-Up qui râle à tout-va, Cédric (Michaël Abiteboul), papa de nouveaux-nés qui ne trouve plus sa place, Vincent (Félix Martinez), jeune homme rejeté par sa famille et en pleine découverte de son homosexualité. Mais également Alex (David Baiot), sportif au coeur brisé, Damien (Romain Lancry), bon pote qui réfléchit trop. Sans oublier Fred (Romain Brau), personne transgenre qui cache ses failles derrière une extravagance de toute beauté et enfin Xavier (Geoffrey Couët), amateur d’histoires d’un soir.
Loin d’avoir la prétention de représenter les gays (ou les homos), tous ces personnages donnent à voir un aperçu de ce qui constitue aujourd’hui la communauté gay ainsi que ses revendications. Comme précédemment, le film ne dit pas s’il faut se conformer à « un monde hétéronormé » ou s’il est préférable de vivre dans les excès et de garder l’image de « gens [qui] ne respectent rien ».
Cohérent et rafraîchissant, Les Crevettes pailletées est de ces films tous publics qui permettent d’aborder un thème encore trop souvent jugé comme tabou. C’est un film à montrer au plus grand nombre — et plusieurs fois s’il le faut ! wyzman
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