Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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The Legend of 1900 (La légende du pianiste sur l'océan)


Italie / 1999

12.01.00
 



L'ECUME DES SOURDS





"- La terre est un bateau trop grand pour moi..."

Il existe quelques prodiges sur cette terre. J'en connais persnnellement un. Sans lire les notes, à l'écoute d'un simple son, ils savent rejouer avec justesse un morceau. Pour ces musiciens, il ne fait doute que nous sommes des handicapés. Des sourds. Incapables de reconnapitre le fa d'un do, le piano mal accordé ou l'écho trop présent. Pour ces sourds, il reste le plaisir d'entendre, d'écouter du classique, du jazz, du rock. Ecume musicale qui, par vagues, parvient à nos oreilles et retranscrit des émotions. L'on fond.
1900 est un de ces virtuoses du clavier bicolore, qui nous berce ou nous fait danser. Un pianiste à groupies, sur l'océan. Uniquement. Nous voilà à voguer sur une histoire floue, ni vraie ni légendaire, inventée mais racontée comme un fait d'actualité, une narration classique avec une voix off et un "Il était une fois..." . Le scénario d'ailleurs n'est pas à la hauteur du film. Ce long flash-back à travers les yeux de son trompettiste alourdit la fluidité de la vie du pianiste (dialogues-piano-dialogues-piano...). D'autant que la musique de Morricone, la lumière de Koltai et la caméra de Tornatore apporte un esthétisme poussé et une mise en scène onirique.
En cela, de par son sujet et la douce folie de son personnage, le film est semblable à Shine (de Scott Hicks). Le solo joué par Tim Roth est époustoufflant. On reprochera le manque d'émotion dégagée par la sensibilité amoureuse de sa rencontre avec Mélanie Thierry, ou pire, la mauvaise alchimie avec son alter ego trompettiste. Seul le duo, duel, puissant et dément, avec Clarence Williams III permet de capter l'attention du spectateur.
The Legend of 1900 possède surtout de beaux moments, et repose sur une histoire magnifique. Le piano suspendu au dessus de l'eau ou encore l'instrument qui roule sur le parquet quand l'océan se déchaîne a des même des airs de Titanic. Le montage traîne parfois un peu en longueur, mais le final tragique fait oublier les maladresses de cette oeuvre peut-être trop ambitieuse.
Trop classique ou pas assez fictionnel, le film flotte entre reconstitution historique et légende mythique, déboussolant le spectateur, sans jamais apporté d'allégorisme ou de faits réels. C'est surtout la carrence de relations fortes entre le pianiste et les personnes qu'il croise sur son bateau qui empêche Tornatore de réaliser une légende inoubliable.
 
vincy

 
 
 
 

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