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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Greta
USA / 2019
12.06.2019
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GRETA BARJOT
Il faudra un jour écrire une thèse sur Isabelle Huppert la maléfique. Son visage glaçant et glacé inspire apparemment les rôles les plus cruels. Greta ne fait pas exception. Et elle prolonge ainsi cette saga d'empoisonneuse où s’alignent les astres noirs Eva, Une jeunesse dorée, Blanche comme Neige, Frankie et donc Greta. Et on ne parle pas de ses rôles de reines aliénées sur scène. Huppert semble se complaire dans ces personnages où la seule transgression est celle de dominer et de faire du mal.
Diva inaccessible, reine sorcière, ou femme-araignée, elle compose ainsi le visage d’une Cruella froide et distante où toutes ses proies semblent empoisonnées par son venin. Et quand on lui résiste, souvent par simple aspiration à la liberté, elle ne le supporte pas. Neil Jordan en fait des tonnes dans ce thriller très convenu pour rendre la psychopathe qu’elle est effrayante. De la même manière Ira Sachs essayer de nous la rendre humaine, Anne Fontaine tentait de la banaliser dans sa folie, Eva Ionesco cherchait de la normalité dans la perversion narcissique et Benoït Jacquot la métamorphosait en femme fatale (aux autres).
Mais à chaque fois cela échoue. N’est pas Chabrol ou Haneke qui veut. Paraître un monstre ne veut pas dire qu’on va y croire. Greta, plein de promesses, s’avère faussement intense tant le cinéaste joue sur les ambivalences et l’ambiguïté comme d’autres multiplient les twists pour créer du rythme.
Isabelle Huppert, sans doute laissée à son sort, nous fait une sorte de caricature de la vilaine (sans jamais atteindre le niveau d’une Glenn Close), ce qui rend le film souvent grotesque. Experte en torture psychologique et physique, l’actrice n’a rien qui lui sert à transcrire ce sadisme naturel qui lui sied si bien.
Finalement, dans un film plus binaire que double, plus simple que dual, le spectateur n’est jamais étonné et le final vire au cauchemar burlesque, sorte de farce plus vulgaire que conte fantasque. Ses allures de « fantasy » réaliste ne sauve rien de ce nanar kitsch qui préfère opter pour le jeu de massacre et massacrer le jeu de ses actrices.
A vouloir faire un film d’horreur, Neil Jordan a fait un film horrible.
vincy
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