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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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The Mountain: une odyssée américaine (The Mountain)
USA / 2018
26.06.2019
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SANS RELIEF
« - Comment tu es entré ?
- La porte était ouverte. »
La montagne de Rick Alverson était sans doute trop haute. A vouloir expérimenter un style de narration, il a perdu les spectateurs au fil de son escalade. The Mountain pourrait même être la caricature d’un film « auteurisant » , dont la dimension artistique séduisante à prime abord se transforme en un tableau kitsch et prétentieux.
La distance qu’il impose avec le spectateur dans sa première heure n’est pas inintéressante. Le film se veut minimaliste, peu explicatif, voire taiseux. Cette épure radicale, avec une image délavée et terne, créée une atmosphère singulière et intrigante. On peut presque se laisser fasciner par cet ennui et cette ambiance mortifère et glacée.
Car tout est triste dans The Mountain : la chair, les sentiments, les gens. Flirtant avec L’ile du Docteur Moreau et Vol au-dessus d’un nid de coucou, le récit, qui cherche à éliminer tout ressort dramatique et tout discours psychologique, puise dans ses comédiens la faible intensité dont il a besoin pour avancer et dans les tortures infligées pour nous réveiller.
Parfois, le réalisateur ponctue son film d’images de vidéaste contemporain, s’inspirant des ballets classiques ou des ballets aquatiques, de la hantise d’images érotiques (d’hermaphrodites) et de l’absence totale de résistance aux faits et aux horreurs psychiatriques et médicales.
Peu importe ce que l’on comprend ou ce qui adviendra. Pas de jugement, pas de morale, juste une hystérie qu’on neutralise. Mieux vaut des légumes que des fous. On pouvait s’en contenter. L’œuvre aurait été perturbante, à l’image de ce jeune homme perdu et endeuillé. Elle aurait été atone comme les victimes de cette chirurgie psychiatrique abominable.
Malheureusement, Rick Alverson gâche tout son édifice avec l’arrivée de Denis Lavant, personnage étrange et étranger, laissé en roue libre, clamant un discours inaudible et incompréhensible, vaniteux, sorte de philosophie de comptoir d’un ivrogne. La séquence est longue, sans intérêt, déconnectée du reste, aussi bien formellement (le film n’est pas bavard, là un déluge de mots s’abat sur nous) que dramatiquement.
Cela conduit le film vers un épilogue énigmatique et vide. The mountain s’achève alors sur cette impression de ratage grotesque, comme du mauvais théâtre. La folie inhérente au monde et aux hommes méritait peut-être un traitement moins abscons. A moins que le cinéaste, par arrogance, ne nous trouve trop cons pour apprécier son immense originalité (ironie).
vincy
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