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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Toy Story 4
USA / 2019
26.06.2019
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LA CITÉ DES JOUETS PERDUS
« Qu’est-ce qu’ils ont tous à sauter par la fenêtre ? »
Les histoires de Pixar prennent souvent place dans des mondes cachés ou transformés : les abysses de Nemo, le futur apocalyptique de Wall-e, les placards des chambres de Monstres et cie, les voitures de Cars, la jungle étrange de Là-haut, le mental d’une gamine… Toy Story, premier long du studio né il y a 24 ans, en avait installé les fondations. Un monde où les jouets prenaient vie une fois que les humains sont endormis ou hors de portée de vue.
Quatrième épisode de la saga, neuf ans après le précédent qui était un sommet dans le genre, avec cette alchimie parfaite entre action et émotion, le film est confié à un bébé Pixar (deux courts métrages, un scénario de long), Josh Cooley.
Après un prologue qui fait le lien entre Toy Story 3 et celui-ci, et qui installe l’enjeu dramatique du cow-boy Woody, le scénario suit une trajectoire assez classique pour la franchise : du confort de la chambre d’enfant aux périls extérieurs d’un voyage en camping-car. Toy Story a toujours été, avant tout, un film d’aventures, avec des gags pour les petits et une dose de plaisir coupable pour les plus grands.
Le film fait donc rire et sourire, tout en restant haletant et en ménageant son final pour ne jamais ennuyer le spectateur de bout en bout. Comme pour toute suite, les personnages évoluent, et on en rajoute quelques uns (la fourchette fabriquée artisanalement tel Frankenstein, brillante idée burtonienne, ou les deux grosses peluches assez laides de fête foraine, duo comique typiquement Disney). Woody ce héros devient un jouet déclassé et il prend conscience que sa place n’est plus celle qu’il croyait. Toy Story 4 aborde davantage l’émancipation, la nécessité de changer de route, de grandir.
Chacun cherche sa voie
Si, côté larmes, le film est un cran en dessous du troisième opus, pour le reste, Pixar n’a pas perdu la main. Ni dans l’humour (l’obsession régulière de la licorne trouve son dénouement vers le final, la fourchette est plus névrosée que Woody Allen, le cascadeur canadien est « priceless »), ni dans les références (les poupées a priori maléfiques semblent sorties d’un film d’horreur ou les clins d’œil comme celui à E.T.), ni même dans le récit, parfaitement construit, hormis deux trois personnages qui s’avèrent vite secondaires voire inexistants. Les scénaristes ont ajouté une dose de romance et de féminisme (que ce soit la bergère-mercenaire, la suave despote du magasin d’Antiquité,…).
Ça fourmille de bonnes idées et le divertissement est un spectacle réjouissant. Il y a une raison à cela : la capacité de Pixar à savoir écrire des scènes d’action dans une unité de lieu et de temps, en multipliant les événements, les menaces et les risques encourus. Face à un Mikado toujours sur le point de s’effondrer, le spectateur retient son souffle, sachant que tout peut vriller dans n’importe quelle direction. La psychologie de chacun des jouets fait le reste. Personne n’est vraiment méchant ou héroïque. Et tout tient sur la nécessaire solidarité du groupe. Toy Story 4 repose sur une poupée qui cherche sa voix et un cow-boy qui cherche sa voie.
« Vers l’infini et au-delà », comme il est dit en conclusion avec une touche de mélancolie. Mais pour arriver à cet horizon indépassable, les auteurs du film nous ont bien fait zigzaguer dans tous les sens dans un roller-coaster – pas plus original que ça mais terriblement efficace. Le miracle se produit d’ailleurs avant le générique. L’émotion, si elle ne nous submerge pas, est palpable. On a grandit avec Woody. Et son choix nous indique qu’il faut savoir quitter l’enfance. Mais pas forcément l’enfant qui est en nous.
vincy
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