Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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Thalasso


France / 2019

21.08.2019
 



PARCOURS SANTE ET MAL-ÊTRE





« Le drame quand tu vieillis c’est que tu restes jeune. »

Houellebecq et Depardieu sont en thalasso. On pourrait aussi dire Astérix et Obélix s’offrent une ciné-cure. Le nouveau film de Guillaume Nicloux n’a rien de l’OVNI attendu. Thalasso est la suite de L’enlèvement de Michel Houellebecq, sorti il y a 5 ans, qui était bien plus singulier et surprenant. Pour faire le lien, le cinéaste nous remet dans la grosse berline qui fonce à 300 km/h, épilogue du film précédent.

Cinq ans plus tard, l’écrivain national, parano, réactionnaire, visionnaire ( ?) et souverainiste, est envoyé en prison par son épouse : un hôtel au bord de la mer, où l’on pratique des tortures à base de cryogénie et d’algues, où il est interdit de fumer et de boire. Le scénario lui fait rencontrer un autre monstre, Gérard Depardieu, ogre qui ne s’interdit rien. Ils ont en commun une certaine idée de leur pays, méprisant les politiques, savourant charcuterie et vins rouges, partageant leur admiration pour Poutine, et rejetant la parole hypocrite et les idéologies préfabriquées.

On pouvait s’attendre à une sorte de film expérimental ou abstrait (Valley of Love par exemple). Thalasso est plutôt un dialogue qui part à la recherche d’une identité commune à travers l’intime. En prenant deux figures emblématiques de leurs arts, dotées d’une notoriété internationale, le réalisateur essaie de comprendre ce qui définit le Français. Râleur, critique, bon vivant, un brin misogyne, gaulois quoi. Mais pas seulement puisque les deux personnalités sont aussi adorées que détestées. Et on ressent d’ailleurs cette forme d’amertume à l’égard d’un pays qui ne les ménage pas et qu’ils refusent de voir «se mondialiser ».

Leurs digressions sur le sexe, la mort, Dieu, l’âge, les corps vieillissants, Macron, la résurrection ne sont pas toujours passionnantes. Mais le duo à la Laurel et Hardy sauve ces séquences grâce au jeu naturaliste de l’auteur et au génie instinctif de l’acteur. Si les deux font du Houellebecq et du Depardieu (« Le cinéma c’est de la merde »), c’est un duo involontairement burlesque que créé Nicloux, les foutant en slip ou en peignoirs dans cet hôtel impersonnel, les laissant dégoiser ou les faisant déambuler dans un rêve menaçant. C’est de l’humain brut et une tentative de captation des songes. C’est forcément inégal. Il faut tout le prodige de Depardieu pour rattraper quelques séquences brouillonnes.

Thalasso voulant être une fiction, malgré son narcissisme, le cinéaste y insère une histoire rocambolesque sur la disparition d’une mère d’un des kidnappeurs de L’enlèvement de Michel Houellebecq. On retrouve ainsi la bande de gentils voyous qui se mêle aux discours superficiels et légers des deux compères. Cela donne une tonalité de thriller (accentuée par le compte-à-rebours qui ponctue le film) à ce film plus méta que métaphysique. Ce huis-clos - plus proche du délire existentialiste que d’une farce allégorique – divertit presque de bout en bout. Et "crashe" dès l’arrivée d’un sosie de Sylvester Stallone.

Le final, si énigmatique, souligne grossièrement l’aspect fictionnel de ce récit absurde, libre d’interprétation. Comme si Nicloux ne se résignait pas à aller jusqu’au bout du nihilisme ou au moins à donner une cohérence à tous ces propos épars. On a alors la sensation d’un film bricolé entre potes, sans que ça n’élève les débats.
 
vincy

 
 
 
 

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