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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Late Night
USA / 2019
21.08.2019
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BROADCAST BLUES
«- Même en vous masturbant, vous pensez au show ! »
C’est une comédie sympathique en apparence. Late Night s’inscrit dans plusieurs genres : les films sur les coulisses de la télévision, les relations intergénérationnelles, la comédie féministe. Ce qui en fait un film un peu plus profond que la plupart de ses homologues, et surtout plus intéressant.
Bien sûr, le scénario n’a rien de très original, d’autant qu’on craint la surdose de personnages stéréotypés et le vernis sirupeux et "sentimentaliste" en guise de final. Mais, à y gratter un peu, même si les grandes lignes sont prévisibles, le discours est bien plus insolent que la mise en scène.
A la manière des screwball comédies d’autrefois, le duo Emma Thompson / Mindy Kaling produit l’aspect le plus drôle du film. La réalisatrice Nisha Ganatra dessine le portrait de deux femmes que tout oppose : les origines sociales, la couleur de peau, l’âge, les influences, le caractère… Comme les deux faces d’une même pièce, elle se sert de l’esprit sarcastique des Late Shows pour dézinguer les hypocrisies du langage, la brutalité du libéralisme, le cynisme du système qui préfère une influence à une femme engagée ou encore le vide abyssal et décérébrant des échanges contemporains.
Car Late Night c’est aussi le portrait pas glorieux d’un monde qui change, et auquel il faut s’adapter malgré soi pour survivre. S’ajoute la difficulté pour ceux qui pratique l’ironie et l’humour de jouer les équilibristes entre son opinion et l’offense qu’elle peut entraîner. Avec un personnage pas forcément sympathique, Emma Thompson écrase tout sur son passage : elle ne juge jamais son personnage, même dans ses excès ou ses outrances, et défend même cette dominatrice-castratrice-ambitieuse-élitiste qui a le mérite de vouloir élever son public plutôt que de se rabaisser à l’audience.
Sexisme, racisme et âgisme sont pointés du doigt dans une culture qui ne veut plus froisser personne. Ce qui donnent aussi les punchlines les plus drôles. Car tout tient sur les comédiens et les répliques, comme au bon vieux temps de la comédie hollywoodienne.
Late Show est un peu déjà vu. Ses histoires parallèles sont un peu convenues. Et le film manque sans doute d’irrévérence et d’impertinence, souffre parfois de cette odieuse habitude de la catharsis nécessaire pour obtenir un pardon moraliste. Mais en mettant au cœur de l’intrigue la dérive d’une société obsédée par les apparences et le présent, le film est un peu plus qu’une comédie du samedi soir : c’est une satire légère sur un monde en mutation, dans lequel les femmes doivent encore s’imposer. Le final est presque rassurant par son optimisme, même si les moyens utilisés sont un peu terrifiants.
vincy
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