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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Un jour de pluie à New York (A Rainy Day in New York)
USA / 2018
18.09.2019
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ACCORDS ET DESACCORDS
“La vie est pleine de détails pathétiques qui tuent”
Qu’on ne se méprenne pas : si le titre du nouveau Woody Allen est pluvieux, son film n’en est pas moins joyeux, et même revigorant, du genre à vous laisser un large sourire aux lèvres pour le reste de la journée. L’argument est efficacement exposé dans une première séquence aux teintes chaudes et à la tonalité légère : Gatsby Welles (oui, oui, en toute simplicité), étudiant peu convaincu, planifie un week-end en amoureux à New York avec sa chère et tendre, la délicieuse Ashleigh, qui doit y interviewer un réalisateur célèbre. L’occasion pour eux de ne surtout pas rendre visite à la (riche) famille du jeune homme, avec laquelle il entretient des rapports compliqués.
Evidemment une fois à New York, le film vire à la comédie romantique dans laquelle les deux protagonistes sont sans cesse séparés et vivent des expériences nouvelles chacun de son côté. Si le procédé n’est pas nouveau dans l’oeuvre de Woody Allen (on pense notamment à l’un des chapitres de To Rome with love), il permet à la fois de proposer deux intrigues parallèles intelligemment liées, et de mesurer la distance qui sépare les deux amoureux, dont l’entente parfaite semble se fissurer sous nos yeux.
Mais Woody Allen n’est pas dans une veine pessimiste ou tragique, et cet éloignement géographique comme sentimental des deux protagonistes donne une comédie très enlevée, bourrée de dialogues pétillants, et même piquants quand on en vient à l’étonnante Selena Gomez en peste pleine d’esprit. Le scénario exploite d’ailleurs habilement le potentiel comique de chaque acteur, de Liev Schreiber en réalisateur torturé à Jude Law en scénariste trompé, en passant par Elle Fanning en charmante nigaude. Timothée Chalamet, lui, enfile avec charme et nonchalance le costume de double de Woody Allen, rêveur romantique et cinéphile, qui ne se sent pas tout à fait à sa place dans l’univers policé des riches familles new yorkaises.
Un jour de pluie à New York brasse ainsi les sujets de prédilection du cinéaste : le cinéma et l’art en général (qui donne envie de tomber amoureux), l'irrationalité de l’amour, le jeu des faux-semblants, le charme des aspérités et des zones d’ombre. C’est un film joyeux, presque adolescent, qui veut encore croire dans une manière de réenchanter sa vie et d’y injecter du romanesque et de l’inattendu, mais aussi de refuser la facilité d’une vie rangée ou de sentiments qui ne soient pas totalement sincères. On aime follement l’allégorie de la pluie qui tombe, et qui divise le monde en deux catégories : les éternels optimistes béats qui se régalent du beau temps et des bonnes nouvelles, et les nostalgiques mélancoliques qui aiment la beauté d’un ciel gris, les paysages sous la brume, et le son de la pluie.
MpM
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