Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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Au nom de la terre


France / 2019

25.09.2019
 



AU NOM DE LA FERME





« L’important c’est que ça reste dans la famille. »

On gagne d’emblée à savoir ce que le spectateur n’apprend qu’à la fin du film. Au nom de la terre est inspiré de l’histoire vraie – et tragique – du père du réalisateur, Edouard Bergeon. Cela rend le récit plus poignant, plus intime, plus personnel. Car si on ignore ce fait, on n’y voit qu’une fiction dramatique, de bonne facture, qui aurait fait un carton d’audience sur une chaîne de télévision (s’inspirant de plus en plus d’histoires vécues et de livres de témoignages).

Si, sur la forme, Au nom de la terre n’a rien d’emballant, sur le fond, il est relativement bouleversant. On ne peut être que touché par cet homme qui aura consacré sa vie, sacrifié son temps, pour honorer son métier d’agriculteur. Et ce malgré les dettes, les aides, les avanies, l’incendie (la séquence la plus dramatique du film), les ogm, bref un système de malchance et de pression économique fatal.

Il a peut-être pêché par orgueil, eu trop d’ambitions. Peu importe. On suit cet homme dans ses hauts et ses (très) bas, dans son obstination et sa résilience, dans son amour pour son métier et son territoire.

Pourtant l’intérêt d’Au nom de la terre est ailleurs : dans la relation chaotique du père (formidable Rufus) et du fils (Guillaume Canet), dans le regard que lui porte son propre fils (Anthony Bajon, décidément impeccable), dans ses conflits larvés avec les uns et les autres, et surtout dans cette belle histoire de couple. Veerle Baetens surclasse tellement ses partenaires, avec un personnage splendide, nuancé et déterminé, dépassée parfois et amoureuse toujours, qu’elle en devient le rôle central de ce récit pourtant très masculin. Elle est la sauveuse, la guérisseuse, la pacificatrice. Elle affronte les tempêtes, les futurs incertains, les inquiétudes planantes.

Ce drame agricole, qui vire à la dépression générale, gagne en amenant le féminin en son cœur. L’épouse-mère-associée fait respirer ce film jusqu’à ces dix dernières minutes, de loin les plus belles et les plus fortes. Quand le passé est un beau souvenir, le présent un instant magique et l’avenir une impasse. Le piège s’est refermé. Au nom de la terre est l’histoire d’un échec, d’un cri, d’un abandon. Le crime et le coupable sont connus. Mais ça ne fera jamais revenir la (les) victime(s) de ce système broyeur de vie(s).
 
vincy

 
 
 
 

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