Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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Gemini Man


USA / 2019

02.10.2019
 



VOLTE-FACE





«- T’es qui ? Je veux pas te tuer !
- Cool. Moi, je peux te tuer ?
»

Ang Lee se lance dans le blockbuster d’action. Son savoir-faire lui permet de surmonter cette rude épreuve, avec un scénario entre complot et dualité. Si on s’attendait à un point de vue peut-être plus personnel, un angle un peu décalé sur ce genre de films, on peut avouer qu’il nous offre un savoureux plaisir coupable.

On croise bien entendu de multiples références, de Paul Verhoeven à Bad Boys, de Paul Greengrass à quelques Jason Bourne (pour ces décors déglamourisés) et Mission : Impossible (pour leurs cascades). Et justement si on peut rapprocher ce film d’autres productions similaires, c’est davantage du côté de John Woo qu’il faut regarder. Jusqu’à une séquence de motos où des oiseaux s’envolent.

Au moins, le cinéaste continue d’explorer différents genres, même si le public n’est pas toujours au rendez-vous et si les studios ont souvent du mal à savoir promouvoir des œuvres iconoclastes. Réinventeur du film d’arts martiaux avec Tigre et dragon, inspirateur du grand film de guerre méconnu Un jour dans la vie de Billy Lynn, le cinéaste s’est toujours confronté à des formes différentes, de la comédie de mœurs à la fresque historique, du mélo au super-héros, du classique anglais au conte universel.

120FPS/3D/4K

Gemini Man lui permet d’entrer dans l’univers du techno-thriller-futuriste. Le scénario est convenu. Mais les effets techniques et visuels sont prodigieux. Un beau coup de bluff. Si bien que cette série B du dimanche soir devient un spectacle jouissif, procurant de belles et surprenantes sensations.

On savait Ang Lee virtuose de l’image et Will Smith parfait dans ce double jeu / double je. En bousculant notre perception de l’image et du mouvement, Ang Lee offre en fait un de ces films – comme Matrix ou Avatar – qui vise les nouvelles salles de cinéma (pas loin du parc d’attraction et du jeu vidéo soit un récit qui se fait écraser par des techniques « immersives » mais qui prend du relief avec sa 3D).

Ce film hybride ne veut montrer qu’une chose : l’image dicte sa loi. Le montage s'efface au profit de coupes, de manipulations du temps, d'illusions et de perceptions subjectives. On peut critiquer le scénario, trouver l’histoire un peu en dessous de l’ambition globale du film : le cinéaste ne s’en émeut guère, tout préoccupé à proposer un spectacle novateur, capable de nous épater par une forme de sorcellerie visuelle. Le cinéma, art de l’enchantement ? En tout cas, avec Gemini Man, il prouve que le 7e art opératique et divertissant a encore des ressources pour se différencier des séries et des franchises industrielles.

C’est au final séduisant, élégant, haletant, et nous voilà, nous spectateur, transporté dans l’action. Cette quête expérimentale des nouvelles technologies permet au réalisateur d’explorer de nouvelles dimensions du cinéma. Mais il le fait, malgré un pitch trop simpliste, avec un jeu de dédoublement plus que malicieux. Face/off en quelques sortes.

Pourtant c’est ailleurs que se trouve l’ADN de Gemini Man (qui porte bien son nom). Le clonage, avec deux pères et sans mère, d’un junior qui pourrait être un avatar ou un fils n’a aucun repère. Car c’est bien cette mise en abymes qui fascine : Will Smith vs Will Smith, dans un combat sans fin. Une chose les différencie : l’un a un passé, l’autre pas. Si bien qu’il a beau être plus jeune, plus parfait, plus invulnérable, il en devient vide et sans émotion. Avec Ang Lee, il faut toujours souffrir pour devenir un homme.
 
vincy

 
 
 
 

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