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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Jacob et les chiens qui parlent (Jēkabs, Mimmi un runājošie suņi)
Lettonie / 2019
09.10.2019
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A LA NICHE
“Ca s’appelle le progrès. Il faut que tu acceptes le changement. ”
Adapté d’un roman jeunesse par le réalisateur Edmunds Jansons à qui l’on doit notamment Myrtille et la lettre au Père Noël et la série des Shammies, Jacob et les chiens qui parlent nous plonge dans le quartier coloré et atypique de Maskachka, en périphérie de Riga (Lettonie), où le temps semble s’être un peu arrêté. Les maisons en bois, le parc qui ressemble à une petite forêt, la circulation très réduite donnent l’impression d’un village encore très rural, protégé du bruit et de la pollution. La sensation est renforcée par le choix de teintes particulières pour les décors qui oscillent entre le jaune, le marron et l’orange.
La technique d’animation (une simulation de “papiers découpés” numériques) apporte elle aussi une forme de douceur et de nostalgie au décor. On a le sentiment d’être dans un ailleurs atemporel et rêveur qui est comme une parenthèse enchantée pour les deux personnages principaux. Mimi, pragmatique et volontaire, aime et connaît chaque millimètre de son quartier. A son contact, Jacob se laisse peu à peu séduire par la personnalité de ce lieu si différent du centre ville ultra-moderne dont il a l’habitude.
Si ce point de départ présageait d’une histoire plutôt sensible et assez charmante, le résultat final est malheureusement plutôt décevant. Retombant dans un schéma classique de “quête” à atteindre (ici, sauver le parc de Mimi), le film s’enlise dans un récit ultra convenu et schématique qui manque de rythme. La poésie du début laisse ainsi place à un discours gentiment écolo qui évacue toutes les aspérités potentielles.
Les personnages les plus intéressants de l’histoire, les chiens qui parlent, sont également réduits au rôle de faire-valoir du personnage principal, le plutôt ennuyeux Jacob. On s’interroge alors sur l’éternel schéma du “personnage providentiel”, ce nouveau venu qui vient régler les problèmes d’une communauté qu’il ne connaît pas, aidant, voire sauvant, ceux et celles qui pourtant étaient le mieux placé.e.s pour agir. On a donc du mal à s’enthousiasmer pour cette intrigue paresseuse qui se repose un peu trop sur ses qualités esthétiques et ne fait pas assez confiance à l’intelligence de ses (jeunes) spectateurs.
MpM
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