Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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Donne-moi des ailes


France / 2019

09.10.2019
 



LE PACTE DES OIES SAUVAGES





Donne-moi des ailes, un ULM et des caméras. Nicolas Vanier continue d’explorer la veine d’un cinéma familial, aventureux et environnemental (passons sur le fait qu’un ULM consomme quand même du kérozène, qu’ils conduisent tous de vieilles bagnoles polluantes et que le tournage a fait grincer quelques dents aux protecteurs de flamants roses). En s’inspirant d’une histoire vraie, mais en la transformant pour créer une relation de transmission père/fils, le cinéaste nous alerte sur l’extinction d’oies sauvages, les difficultés rencontrées par les oiseaux migrateurs, et plus généralement les menaces sur la biodiversité.

Donne-moi des ailes ne casse pas trois pattes à une oie naine. C’est un honnête téléfilm à la française avec une vision très conservatrice : l’ex épouse (Mélanie Doutey qui ne peut rien faire avec son personnage si peu écrit) qui finalement revient au foyer, l’enfant ultra-connecté qui va comprendre que la nature est importante, le tout qui formera un papa, une maman, un enfant pour le happy end.

Rien n’est vraiment crédible ni incarner, malgré des acteurs plutôt convaincants. Il faut attendre la moitié du récit pour qu’il décolle, littéralement, à l’image, avec quelques belles vues naturalistes de la Norvège. Clairement la partie de cette odyssée entre air et mer, où seul l’enfant se lance dans un périple périlleux est la plus palpitante, la plus intense. p> Mais en ayant perdu une heure pour installer son histoire et ses enjeux écologiques, Nicolas Vanier a sacrifié à la fois son scénario (qui manque de profondeur) et son montage. Le rythme est trop irrégulier et, pire, la notion de temps et de distance est incohérente. Si bien que l’odyssée passe davantage de temps entre le cercle polaire et le nord du Danemark, qu’entre la Scandinavie et la Camargue.

En avortant cette épopée aérienne pour revenir au ras des marais, Nicolas Vanier passe aussi à côté de son sujet : montrer les obstacles que rencontrent les oiseaux pour migrer du nord au sud, ce qui était le mobile initial de l’expérience scientifique. En privilégiant son trio familial à la mission écolo, il cherche une émotion qui n’est pas celle qu’on attendait, pour, finalement, n’en procurer aucune.

On comprend qu’un tel film ait été compliqué à réaliser. On ne doute pas de la sincérité de l’initiative. On se désole juste de voir un produit aussi simpliste et balisé mis au service d’une belle cause à défendre.
 
vincy

 
 
 
 

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