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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Au bout du monde (Tabi no Owari, Sekai no Hajimari)
Japon / 2018
23.10.2019
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TACHKENT SONATA
« Nous sommes tous égaux face à la chance. »
Pas de fantômes ni d’invasion extraterrestre dans le nouveau film de Kiyoshi Kurosawa, mais un voyage initiatique intime en Ouzbékistan, inspiré de sa propre expérience de réalisateur qui voyage beaucoup, et se retrouve souvent seul dans des pays dont il ne maîtrise pas la langue. Comme lui, son héroïne vit mille aventures minuscules lors de ses escapades solitaires dans les villes qu’elle traverse. Le simple fait de prendre le bus ou d’acheter à manger devient alors un défi, et le danger semble prêt à survenir à chaque coin de rue.
Entre humour et empathie, le cinéaste nous attache donc aux pas d’une jeune présentatrice de télévision japonaise qui participe à un documentaire très grand public sur l’Ouzbékistan. Si elle n’hésite pas à donner de sa personne en restant toujours très professionnelle (avec une mention spéciale pour la séquence du manège à sensations dans lequel elle fait vaillamment plusieurs tours de suite, jusqu'à la nausée), on sent que son esprit est ailleurs. A l’autre bout du monde, la jeune femme se cherche et essaye d’appréhender ses propres désirs et aspirations.
C’est à l’origine la possibilité d’une coproduction avec l’Ouzbékistan qui a amené le réalisateur japonais à se lancer dans ce projet, mais il ne fallait sûrement pas compter sur lui pour proposer un film institutionnel à la gloire du pays. Comme l’héroïne, on traverse un territoire dont on ne sait pas grand chose, à l’exception des fiches qu’elle récite doctement devant la caméra. Les plus beaux endroits, vantés par le guide local, restent désespérément hors champ, car pas assez « vendeurs ». Ils n’intéressent pas non plus Kiyoshi Kurosawa en tant que tels, et c’est véritablement sur la jeune femme que se concentre le récit. Un récit ténu, elliptique, qui porte souvent un regard amusé sur les situations, ce qui n’empêche pas une véritable profondeur dans le questionnement du personnage principal, et dans le propos plus général du film. « Il est impossible de se connaître si l’on ne se parle pas », déclare un policier ouzbek vers la fin du film. Et c’est cette impossibilité, et de fait son corollaire, la possibilité de se connaître et de se comprendre, qu’explore Au bout du monde à sa manière légère et sensible. MpM
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