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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Une Colonie
/ 2019
06.11.2019
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SUR LE FIL
« C’est pas grave. Je vais être laide, mais heureuse. »
Ours de cristal du meilleur premier film à Berlin, et lauréat de plusieurs récompenses à l’équivalent des Césars canadiens (meilleur premier film, meilleur film, meilleure actrice), Une colonie est un premier long métrage ténu et sensible sur l’adolescence et ses tourments. Si le sujet n’a rien de particulièrement original, le film repose sur son interprète principale, la formidable Emilie Bierre, ainsi que sur la justesse de son écriture et la finesse de son propos. Geneviève Dulude-De Celles prend en effet le temps de construire son récit par petites touches, brossant en creux le portrait de chaque personnage, même le plus secondaire.
Elle observe ainsi à distance ces « passages obligés » de l’adolescence qui s’ils semblent parfois des clichés de cinéma, sont surtout des diktats bien réels dans la vie des adolescents, à l’image de la fête entre amis, de la consommation d’alcool et de la première expérience sexuelle. Emilie Bierre est étonnante en jeune fille sur le fil, sans cesse sur le qui vive, et qui ne baisse jamais sa garde. Elle campe une adolescente plus vraie que nature, percluse de doutes et d’hésitations, et jamais « chargée » par un passé de victime de harcèlement pourtant bouleversant.
La réalisatrice construit ainsi un personnage fort et complexe confronté à des enjeux d’intégration, de loyauté et d’émancipation dont on comprend l’aspect primordial qu’ils revêtent pour elle. C’est à travers sa relation aux autres (sa soeur, mais aussi la grand-mère de son voisin Jimmy, son père, et au finale Jimmy lui-même) que le film trouve le ton juste, malgré un rythme lent et quelques passages à vide dans la première demi-heure. Le parcours initiatique de l’héroïne est par ailleurs magnifiquement mis en valeur par une mise en scène elliptique qui joue la carte du hors champ chaque fois que le récit s’emballe. Cette subtilité dans la narration est l’une des forces de ce premier long-métrage prometteur qui nous donne furieusement envie de suivre la carrière de Geneviève Dulude-De Celles comme de son actrice. MpM
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