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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |







(c) Ecran Noir 96 - 25 |
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Le monde animé de Grimault

France / 2019

06.11.2019
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 LA LOI DU PLUS LIBRE
« Et s'il n'en reste qu'un, nous serons ces deux-là »
Le cinéma de patrimoine a le vent en poupe, et on ne peut que s’en réjouir lorsqu’il s’agit de (re)découvrir sur grand écran huit courts métrages réalisés par Paul Grimault entre 1942 et 1973. Aujourd’hui restaurés, les huit films sortent sous la forme de deux programmes, dont l’un plus particulièrement destiné au jeune public avant cinq ans. C’est donc l’occasion de renouer avec l’animation bondissante et aérienne de celui qui est considéré comme l’un des grands pionniers du cinéma d’animation français.
Dans L’épouvantail, un chat tente par tous les moyens d’attraper les deux oiseaux dissimulés sous le chapeau d’un épouvantail. Mais ce dernier oppose une résistance farouche (notion primordiale chez Grimault qui se fait le héraut des faibles contre les forts) et rien, pas même le fait de perdre sa tête, ne l’empêchera de mener sa mission à bien.
On retrouve sensiblement la même idée dans Le Voleur de paratonnerres, dans lequel Grimault prend clairement parti pour le voleur face aux deux policiers balourds qui “gardent” les toits. S’y ajoute une notion de défi : face à l’autorité, donc, mais aussi face aux lois de la gravité ! Le personnage, véritable acrobate des airs, s’enroule autour des paratonnerres, les utilise comme des perches pour s’envoler au-dessus de Paris, et même comme le fil d’un funambule pour passer d’un immeuble à l’autre.
La Flûte magique, Le Marchand de notes et Le Petit Soldat reprennent ce motif d’opposition à l’autorité et d’affirmation d’une certaine liberté (personnelle, artistique) face à l’ordre / aux ordres. Dans le premier, c’est un troubadour qui trouble le repos d’un seigneur et, aidé d’une flûte magique, le fait littéralement danser. Dans le deuxième, le même troubadour importune cette fois un marchand de notes, et libère la petite danseuse-automate coincée au-dessus de la boutique. Dans le troisième, c’est un acrobate qui s’oppose à la guerre, et s’enfuit avec la ballerine qu’il a séduite. A chaque fois, la vitesse d’exécution des mouvements est impressionnante, entraînant les personnages dans un rythme plus qu’endiablé.
Les passagers de la grande ourse semble un peu à part, dans la mesure où le récit est plus principalement ludique, prétexte à de multiples gags et courses-poursuites dans une machine volante en forme de bateau qu’ont mis en route par erreur un enfant et son chien. On y sent un appel du large, et un hymne inconditionnel à la liberté. A noter que le film est présenté en noir et blanc car les éléments couleurs de l’époque n’ont pu être retrouvés.
Enfin, réalisés plus tard, et dans un style graphiques qui tranche, Le diamant et Le chien mélomane s’attaquent respectivement au capitalisme et aux marchands d’armes. Plutôt futuristes, les films ont pour personnages principaux un professeur inquiétant qui conduit une machinante volante, et vole un énorme diamant à un peuple pacifique, et un marchand d’armes cynique qui vend ses “violons tueurs” à tous ceux qui souhaitent entrer en guerre. Le ton est donné, et si l’humour est toujours présent, il est plus grinçant que chaleureux, faisant discrètement passer les films de Grimault de plaidoiries poétiques à brûlots contestataires.
MpM
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