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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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The Irishman
USA / 2018
27.11.2019
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L’INFILTRE
« Il est mort ? Qui l’a tué ? »
Trois ans après Silence, Martin Scorsese est de retour à la réalisation avec un film de gangsters que seul Netflix à bien voulu financer. Une aubaine !
La véritable histoire de Frank Sheeran
Connu pour son rôle de syndicaliste dans le Philadelphie de l’après-Seconde guerre mondiale, Frank Sheeran s’est également distingué grâce à ses talents de tueur à gages. Un métier particulièrement apprécié dans les années 1950, 1960 et 1970, alors que le poids de la mafia était plus fort que jamais.
Pour son 25e long métrage, Martin Scorsese a vu les choses en grand. A commencer par sa reconstitution d’une Amérique passée et pourtant si actuelle. Aidé par un gros chèque de Netflix (on parle de 140 millions de dollars), le réalisateur du Loup de Wall Street donne ici vie à chacun de ses rêves, à chacune de ses ambitions. Un régal ! Car si l’on n’est pas impressionné par l’alternance de moments comiques, on l’est forcément par le rajeunissement numérique offert à certains acteurs de plus de 60 ans.
Homme au destin si fantasque et normal à la fois, Frank Sheeran méritait bien évidemment d’être la star d’un film. Peut-être parce que ses actions et ses contacts l’emmènent au cours des 3h30 à Detroit, Miami et sur la trace des coupables de l’assassinat de John Fitzgerald Kennedy. A l’instar du Loup de Wall Street, de Casino ou encore de Gangs of New York, The Irishman fait la part belle aux figures historiques et aux personnes ayant réellement existé pour mieux faire ressortir l’impact des actes d’un seul homme.
Un grand film de cinéma
Contrairement à ce que les mauvaises langues pourraient arguer sous prétexte qu'il est diffusé uniquement sur Netflix dans certaines pays, The Irishman est un film de cinéma. De par sa démesure et l’impact culturel qu’il devrait avoir, il s’agit d’un tour de force. Dense et imprévisible, le scénario est d’une justesse déconcertante. Mais c’est bien évidemment le charisme et le jeu de son interprète principal, Robert De Niro, qui fait ici la différence. Peut-être même plus que le florilège de légendes du cinéma qui traverse le dernier projet de Martin Scorsese. Al Pacino, Joe Pesci, Bobby Canavale ou encore Harvey Keitel, ils sont en effet tous de la partie.
Mais The Irishman ne se contente pas de rassembler des monuments du cinéma américain. Avec ses airs d’ancêtres des Soprano, The Irishman parvient à nous faire oublier l’univers glauque dans lequel il se déroule dès lors que l’on s’attarde sur les relations que Frank Sheeran entretient avec ses épouses, ses quatre filles ou bien ses employeurs. Plus humain qu’il n’y paraît, Frank Sheeran se dévoile ici et là comme un homme au grand coeur mais au sang un peu chaud. De quoi justifier les dizaines de corps laissés sur son passage ? Certainement pas. Mais l’idée est là.
Requiem
Moins froid et sérieux que les différents teasers ne laissent présager, The Irishman s’avère être la pierre angulaire du cinéma de Martin Scorsese. Un film dans lequel de grands noms donnent la réplique à des figures emblématiques de la pop culture (Anna Paquin, Jesse Plemons) pour mieux mettre en lumière l’impact des règles et autres codes de génération donnée. Cohérent de bout en bout, The Irishman ne pèche ni par sa longueur ni par la multitude d’anecdotes qu’il met en scène.
Loin d’être un petit film, The Irishman cumule tous les thèmes phares du cinéma de son réalisateur (le crime, la famille et la foi). C’est d’ailleurs avec une tristesse presque palpable que l’on voit le destin de Frank Sheehan se refermer en même temps que Robert De Niro se fait moins menaçant. Allégorie de la fin de carrière d’un cinéaste tout-puissant qui, en signant une telle œuvre, veut démontrer la force d'un cinéma où le style opératique n'a rien à voir avec des super-héros mais bien avec la tragédie humaine? wyzman
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