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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Last Christmas
USA/Royaume-Uni / 2019
27.11.2019
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OLDER
« Rien n’est normal. C’est un mot stupide qui fait beaucoup de dégâts. »
Last Christmas n’est pas une nouvelle comédie romantique britannique, même si elle lui en emprunte pas mal de codes. L’histoire de cette « Bridget Jones » immigrée de l’ex-Yougloslavie, cumulant gaffes, erreurs, échecs et désespoir amoureux, aurait pu n’être qu’un Love actually, dont il récupère l’aspect musical et Emma Thompson (toujours aussi formidable même avec un rôle ingrat).
Mais ce film de Paul Feig, américain qui filme Londres à Noël comme une carte postale fantasmée (jusqu’à ce jardin secret qui rappellera celui de Notting Hill, repose ici sur un scénario d’Emma Thompson, qui n’hésite pas à donner une autre tonalité au film. Le socle du récit est avant tout mélodramatique. Le dramatique est d’ailleurs omniprésent : racisme en arrière-plan, sans abris, héroïne greffée, … Ce qui ne l’empêche pas des moments plus légers, plus doux voire plus drôles.
Feig et Thompson conceptualisent alors une narration fondée sur les chansons de George Michael, à la manière d’un « musical » (l’adaptation à West End paraît évidente). Chaque titre évoque ainsi un sentiment, une situation. Jusqu’à ce fameux Last Christmas, dont la première strophe illustre le « pitch ».
Certes, si vous n’aimez pas « Freedom », « Praying for Time », « Faith », ou « Heal the Pain » (le film aurait d’ailleurs pu s’intituler ainsi), la musique va vous écorcher les oreilles. Pourtant, elle n’est pas trop envahissante. Last Christmas, assez convenu dans sa forme, réserve suffisamment de surprises pour ne pas ennuyer. Si tout semble artificiel (après tout ce décorum de Noël semble de toute façon irréel dans toutes les métropoles du monde), le conte est en fait très cruel. Et les comédiens amènent ce qu’il faut de charme et de sincérité dans leur jeu pour que ça fonctionne. Emilia Clarke crève l’écran, avec un air de Rachel McAdams, entourée d’une distribution éclectique (Michelle Yeoh en tête, apportant la touche caustique du film).
Ce qui séduit ici ce sont le faux-semblant, ce mélange des genres qui s’attirent. On croit à un Cendrillon cherchant l’homme idéal (qu’elle trouve a priori) alors que ce n’est qu’une illusion (et mieux pas le sujet). Last Christmas surfe sur une autre tendance : la confiance en soi, face à l’amour, à la vie, à sa famille. C’est aussi un film centré sur les femmes - patronne, mère, sœur… Tous les hommes sont un peu bizarres, pas très nets parfois, démissionnaires ou méfiants, hormis cet ange gardien-coach, ce « prince charmant » (Henry Golding, nouveau beau gosse vu dans Crazy Rich Asians), trop parfait pour que le spectateur lui donne toute sa confiance.
Ce film pourrait n’être que le récit d’une jeune femme qui grandit et décide de rompre avec ses rêves pour s’épanouir dans une réalité inattendue. Celle d’une société clivée, inégalitaire, paradoxale. Malgré quelques clichés dans le scénario (la construction elle-même est assez stéréotypée), ce drame « superficiel et léger » aborde des thèmes loin d’être « merveilleux ». On est parfois frustré de ne pas être plus ému que ça, même si Paul Feig, lors de la révélation de la vérité, parvient à offrir une belle et touchante séquence sans verbiage.
vincy
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