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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Star Wars, épisode IX : L'Ascension de Skywalker (The Rise of Skywalker)
USA / 2018
18.12.2019
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Des spoilers en grand nombre cet article contient.
JOUE-LA COMME REY
« Nous ne sommes pas seuls. Les gens combattront si on les guide. »
Quatre ans après Le Réveil de la Force, J.J. Abrams est de retour aux commandes d’un Star Wars qui se veut l’épilogue des aventures des Skywalker. Un projet titanesque !
Une intrigue simpliste
Un an après la mort de Luke Skywalker, la Résistance tente de survivre face au Premier Ordre désormais mené par Kylo Ren, le nouveau Suprême Leader suite à la mort de Snoke. Mais le pire est à venir : il se murmure que l’Empereur Palpatine serait de retour et bien décidé à achever son grand plan. Alors que Rey poursuit son entraînement Jedi auprès de la Princesse Leia, Poe, Finn et Chewbacca récoltent des informations capitales de la part d’un espion.
Si l’épisode précédent, Les Derniers Jedi, en avait laissé beaucoup parmi nous perplexes en raison des risques pris, L’Ascension de Skywalker renoue avec une tradition un peu vieillotte : inclure une quête centrale par volet de Star Wars. Voilà pourquoi le ton est très vite donné ici. Dès le carton défilant, nous comprenons qu’après deux épisodes difficiles à associer, il sera enfin question des origines de Rey. En outre, L’Ascension de Skywalker doit permettre aux fans de se réjouir de voir la lutte de la Résistance prendre fin, pour le meilleur ou pour le pire.
Dès lors, le film de J.J. Abrams laisse finalement peu de place à la surprise. Rappelé à la rescousse suite au désistement de Colin Trevorrow, J.J. Abrams prend un malin plaisir à donner une impression de nombreux événements grâce à un montage alterné des plus éreintants. En effet, pour s’assurer que tous les points importants de la saga seront évoqués, J.J. Abrams enchaîne les séquences à une vitesse folle, quitte à s’aliéner le fan simplement désireux de s’évader tranquillement.
Plus encore, L’Ascension de Skywalker est vite contraint au niveau de son écriture par le retour annoncé dès la bande-annonce de l’Empereur Palpatine. Kylo Ren étant un « méchant » loin d’être charismatique et Snoke ayant été tué dans Les Derniers Jedi, la production a fait le choix de faire appel à l’ennemi juré de la Résistance. Mais après avoir marqué les deux premières trilogies par sa perfidie, Palpatine fait ici office d’antagoniste de circonstance. Finalement loin d’être aussi en forme et menaçant que par le passé, l’Empereur se terre plus que jamais dans l’ombre, apparaissant ici et là, à des moments pas toujours capitaux.
Du fan service à gogo
Pour terminer comme il se doit la première saga Star Wars (la prochaine trilogie ne devrait avoir aucun lien avec les Skywalker), le réalisateur et co-scénariste J.J. Abrams tente de contenter au maximum les fans. Il fait ainsi revenir de nombreux personnages appréciés : Leia Organa, Luke Skywalker, Lando Calrissian, Han Solo, Yoda, Obi-Wan Kenobi, Anakin Skywalker ou encore Dark Vador. Loin d’être uniquement centré sur la quête d’identité de Rey, L’Ascension de Skywalker se veut généreux avec les fans en offrant des plans à la symbolique forte et/ou bourrés de clins d’oeil aux épisodes précédents.
Mais le résultat est loin d’être à la hauteur puisque le film a-t-il à peine commencé que le spectateur est tenté de se demander quels seront les véritables enjeux de ce volet. A l’instar d’Avengers : Endgame, L’Ascension de Skywalker regorge de mini-intrigues parallèles censées faire avancer l’histoire principale (l’exploration du lien qui unit Rey et Kylo Ren). Boosté par une bande originale qui devrait plaire au fans de la première heure, le nouveau film de J.J. Abrams se cherche en permanence, hésitant entre l'hommage et le désir d’époustoufler.
Bien évidemment, les amoureux de la saga apprécieront le soin porté aux détails et le petit moment de gloire offert à chaque personnage « secondaire » de ce volet (C-3PO, R2-D2, BB-8, le général Armitage Hux ou encore Maz Kanata). Le résultat s’avère néanmoins décevant en raison d’un développement trop prévisible et d’allers-retours spatiaux loin d’être pertinents. Ajoutons à cela un triangle amoureux absurde et l’on se retrouve avec une oeuvre déceptive sur les bras.
La fin des fins
Une fois l’épilogue arrivé, il est difficile retenir une petite larme. Mais pour beaucoup de cinéphiles, cette larme est liée à de la joie. Celle d’avoir tenu le coup pendant 2h20 et celle d’assister à une conclusion extrêmement positive — et donc facilement imaginable. C’est précisément là que le bat blesse pour L’Ascension de Skywalker. Avec un rythme aussi soutenu même lorsque ce n’est pas nécessaire, l’oeuvre de J.J. Abrams semble écrite à la va-vite. A tel point que l’on ne peut s’empêcher de noter quelques incohérences.
En dépit d’enjeux de taille, L’Ascension de Skywalker ne fait pas la part belle aux prises de risques, préférant jouer la sécurité et tenter d’offrir à des fans remontés la conclusion qu’ils pourraient mériter. Mais alors que l’on vous disait au moment de la sortie du Réveil de la Force que Star Wars est la seule saga à disposer d’une mythologie aussi riche, on ne peut qu’en apercevoir les limites ici. Pour captiver son spectateur, J.J. Abrams joue la facilité jusque dans le coeur du film (l’identité de Rey).
Cela étant, les scènes de combat (au sabre laser ou spatiales) de L’Ascension de Skywalker sont aussi impressionnantes que celles du Réveil de la Force. Fan parmi les fans, J.J. Abrams fait son possible pour rendre fier son maître sans jamais avoir la prétention de pouvoir le dépasser. Les progrès techniques font du film un épisode visuellement proche de la perfection mais le manque d'épaisseur du scénario est un handicap considérable et empêche ce volet de briller autant que Le Retour du Jedi ou La Revanche des Sith.
Extrêmement long — malgré une durée correcte —, L’Ascension de Skywalker devrait ravir les fans de la saga mais laisse un goût d’incomplet à tous ceux qui n’ont pas grandi avec et ont découvert le phénomène après la hype. Plus subtil et soigné qu’un Marvel, Disney et Lucasfilm ici de leur mieux pour rester digne d’une telle épopée cinématographique. Et ce, quitte à décevoir par leur manque d’ambition ! wyzman
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