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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Les enfants du temps (Weathering with you - Tenki No Ko)
Japon / 2019
08.01.2020
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L’ENFANT DE LA PLUIE
« Tokyo, ça craint. »
Makoto Shinkai appartient à la nouvelle génération de réalisateurs japonais espérant prendre la relève d’Hayao Miyazaki. Techniquement, il en a tous les atouts. De ces tons pastels aux effets visuels, Les enfants du temps confirme son style, pour ne pas dire sa patte, alliant une forme de réalisme et le champ des possibles que permet le genre animé. On peut même être émerveillés devant les reflets et les jeux de transparences.
Spirituel et surnaturel, croyance et voyance se mélangent ainsi dans cette romance sacrificielle entre deux adolescents. Dans un Tokyo à la Blade Runner, la pluie ne cesse de tomber. Les enfants du temps pourrait alors est une allégorie du dérèglement climatique, autour d’un scénario bien ficelé, multipliant les rebondissements autour d’une multitude de personnages. Pourtant, le récit semble complexe, il se rapproche davantage des films de Hirokazu Kore-eda avec ses personnages marginaux, exclus du système, et cette famille sans liens de sang qui se compose par nécessité.
« Les prêtresses du temps sont toujours soumises à un destin tragique. »
Entre soleil et averses, bonheurs et drames, une histoire d’amour se crée, même si elle est condamnée d’avance. Malgré les poussées hormonales et les colères enfouies, tout cela reste chaste et moral. Comme pour Your Name, Makoto Shinkai poursuit son appétence pour les histoires romantiques malmenées par les malentendus, les quiproquos et les erreurs de jeunesse. Ici encore, il s’agit de réparer les fautes et de trouver un sens à sa vie.
Les enfants du temps est une teenstory aux couleurs pops qui s’inscrit malgré tout dans un genre de plus en plus en vogue : la collapsologie, et même la cli-fi (climatic fiction). Cette pure « fantasy », mixée de social, d’émotion, d’idéal et d’action, réussit à nous captiver durant près de deux heures. Pourtant…
« Tant pis pour le ciel bleu, c’est toi que je veux »
On est assez mal à l’aise avec le final. Au nom du romantisme, l’histoire dévie vers un Romeo et Juliette par-delà les nuages. Et pour que le film ne soit pas complètement plombé par son aspect tragique, Makoto Shinkai reprend le mythe d’Orphée avec un happy end. Malheureusement, en transigeant ainsi avec la réalité, il ouvre la voie à une interprétation ambiguë. Plutôt que de se battre contre le déluge, ou toute forme de catastrophe naturelle ou humaine, contre cette apocalypse climatique annoncée, il prône une vie assez égocentrée et existentialiste. Vivons au présent et pour soi, même si le monde s’effondre autour de nous. La fine équipe, solidaire durant tout le film, retrouve le bonheur dans l’individualité, acceptant la montée des eaux et la fatalité. En livrant un message presque climatosceptique et résigné, le cinéaste fait de ces battants des résistants ayant baissé les bras face aux temps incertains qui arrivent.
vincy
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