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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Raising Victor Vargas (Long Way Home)
USA / 2002
02.07.03
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FRAICHEUR DE VIVRE
"- Ok, t’es mon nouveau mec, mais me fais pas chier !"
On n’est pas sérieux quand on a 17 ans. Victor Vargas, le héros de Long Way Home, n’échappe pas à la règle. Son parcourt est celui de tous les gamins de son âge. Coincé entre une matriarche stricte et dévote, des frères et soeurs en manque de modèle et ses désirs naissants, il ne pense qu’à une chose : les filles. Alors il roule des mécaniques, torse nu dans les rues du Lower East Side, entre les terrains de jeux et les cages d’escalier. Son chemin croise celui de Judy et soudain le petit branleur se transforme en séducteur. La voie de la maturité s’ouvre à lui, et avec viennent les responsabilités. Ce passage à l’age adulte, parfois plus subi que voulu, nous l’avons tous connu. L’histoire de Victor pourrait alors paraître banale, mais elle en devient universelle et c’est pour cela qu’elle nous touche. Même si on n’a pas forcément eu la même adolescence que ce garçon de New York, l’identification est immédiate. Indiscutablement grâce au naturel déconcertant des jeunes acteurs amateurs qui incarnent ses ados si proches d’eux. Tellement proches d’eux qu’ils ont gardé leurs vrais prénoms. Il est donc difficile de tirer un trait entre la réalité et la fiction, tant ces jeunes semblent vivre leur vie sur la pellicule. Les scènes et les dialogues improvisés ajoutent à ce sentiment de proximité et apportent une touche humoristique au film. La séquence où Victor montre à son frère comment plaire à une fille fait immédiatement mouche.
Si Long Way Home n’est que le premier film de Peter Sollett, ses premiers pas parfois hésitants au coeur de l’adolescence restituent parfaitement une atmosphère sensuelle. Comme ses personnages découvrant et explorant de nouvelles sensations, le réalisateur filme au plus près des corps et des visages. Le charme de Victor, la féminité de Judy (qui a des airs de Jennifer Lopez au naturel), la pudeur de Mélonie sont révélés par la caméra qui les caresse du regard. Peter Sollett réussit à filmer des ados immigrés sans pour autant tomber dans les poncifs du genre. On est loin de productions stéréotypées du genre Esprit Rebelles (avec Michelle Pfeiffer). Ici seuls les amours (et non pas les nerfs) sont à fleur de peau. Dans la chaleur étouffante d’un été passé entre les buildings et les grillages, les c¦urs peuvent éclorent en toute sérénité.
Car la plus grande réussite de ce film c’est qu’il nous montre un New York que l’on est pas habitué à voir. Pas de drogue, pas de guerre des gangs. Dans la bande originale le piano remplace le rap. Seules quelques petites frappes qui tournent autour de Judy se font écho de la violence New Yorkaise déjà maintes fois dépeinte dans d’autres films. Tout cela semble si éloigné des préoccupations de Victor et ses amis. En ce sens, Long Way Home est un film résolument optimiste. A travers de jolis plans, la Grosse Pomme a des airs de campagne sud américaine sous le soleil couchant. Au détour d’une rue les fleurs percent à travers le béton, les poussins piaillent au milieu d’une décharge à vélos et font de ce film une oeuvre rafraîchissante qui respire la simplicité et la sensibilité, ce qui n’est pas chose courante de nos jours. Comme Judy, qui ose fermer les yeux pour découvrir un coin de nature au milieu de la grisaille, allez-y les yeux fermés, vous aurez une agréable surprise. dominique
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