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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Scandale (Bombshell)
USA / 2019
22.01.2020
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COMMENT SE DEBARRASSER DE SON PATRON PORC ?
« Je ne suis pas féministe, je suis une avocate. »
Scandale ne dégage aucun souffre mais ne manque pas de souffle. Entre film-enquête à la Big Short, au découpage serré et au récit presque documentaire, et tableau dynamique d’un système où le harcèlement et le sexisme sont une règle, le film n’arrive pas à la hauteur de la bombe médiatique qui avait fait couler le puissant patron de Fox News en pleine campagne présidentielle de Donald Trump, mais il se sert bien des trois « bombes » - Theron, Kidman, Robbie – pour viser juste sa cible : balancer le porc qui utilisait les femmes comme des appâts à audience tout en établissant la promotion canapé comme moyen de pression.
Ceci est malgré tout une fiction, qui poursuit un objectif. Avant même l’affaire Weinstein et #MeToo, le scandale provoqué par les révélations d’une ex-star de Fox News sur les comportements inappropriés des mâles conservateurs révélait la première grande affaire de violence (morale, sexuelle) faite aux femmes au sein même du pouvoir (médiatique). En produisant ce film, Charlize Theron ne fait qu’accompagner un mouvement sociétal pour aider les femmes à se libérer de l’emprise toxique masculine et prouver que les victimes ont le droit de se rebeller.
Pas surprenant alors que le scénario soit relativement didactique, exposant le (s) prédateur(s) jusqu’à son bannissement, même si, avec son présentateur vedette Bill O’Reilly, ils toucheront de plus grosses indemnités que les 50 victimes féminines. On est au cœur de l’Empire Murdoch, dans un état d’esprit trumpien où la femme n’est qu’un objet et un amusement. L’homophobie, l’ultra-conservatisme, l’ultra-libéralisme, le népotisme règnent.
La chasse au renard
Le scandale arrivera par une ambitieuse évincée par le patron, une star incapable de se taire et une candide qui ne se remet pas d’avoir cédé. On ne voit rien des turpitudes des mâles sous viagra. On devine leurs pensées malsaines à leurs regards et leurs gestes. Les femmes restent dignes. Le trio de femmes est parfaitement casté, avec Theron en dominante et Kidman en justicière, avec une Margot Robbie qui profite du rôle le plus complexe pour voler quelques scènes et apporter ce qu’il faut d’émotion. On regrettera juste que le portrait des deux premières, qui ont été de véritables vedettes de la Fox, soit à ce point déformé, masquant leurs opinions pas forcément politiquement correctes et parfois franchement discrimnantes, les faisant passer pour plus belles qu’elles ne le sont.
Dans cet univers où pour se tailler une place, n doit tailler des pipes, Jay Roach se sent à l’aise pour décrypter les coulisses d’un système. Comme « choséifier » une femme. Comme jouer de leur arrivisme. Entre voix off qui exprime ce qu’elles ressentent, ou témoignage face caméra en aparté, le film trouve son rythme dès les premières minutes et ne nous lâche pas. La médiocrité médiatique est en pleine lumière et ceux qui en sont la cause sont pathétiques.
Pourtant, le cinéaste cherche toujours à ne pas être trop binaire. Même Roger Ailes, bourreau des dames, pygmalion répugnant, peut laisser passer un peu de nuances pour qu’on comprenne son cerveau malade (et parano).
Utile plus qu’indispensable, Scandale montre surtout la solitude des victimes et la négation de l’égalité des sexes. S’il réussit à divertir et à nous rappeler les faits, le film est avant tout une décapitation du boss. Les belles se payent la bête. Comme il le dit, sans ironie, « ces femmes veulent baiser » ce baiseur.
C’est leur solidarité, et le courage de l’une d’entre elle, qui réussit à briser ce système. Qui perdure puisque l’héritier de Ailes a aussi la main baladeuse. Ce que comprend très bien le personnage de Robbie, qui, fan de la chaîne, bonne chrétienne, trumpiste par loyauté, aura l’élan de dignité nécessaire pour ne pas s’abîmer. Qui l’aime la suive…
vincy
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