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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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#Jesuislà
France / 2020
05.02.2020
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PROUVE QUE TU EXISTES
« Le problème avec les peintures de mer dans les restaurants, c’est que les gens veulent des huitres après. »
C’est une forme de conte que nous propose Eric Lartigau. Une forêt de sorcières dans le Pays Basque, un chêne noueux et ancestral. Un homme égaré dans sa vie qui se laisse séduire par une sirène virtuelle à l’autre bout du monde, et la tentation d’aller voir des cerisiers en fleurs.
#Jesuislà n’est pas une comédie. Ce n’est pas non plus tragique. Le film navigue entre deux eaux, et c’est d’ailleurs là le problème. Jamais il ne trouve le ton juste, entre le sourire et l’émotion. Il est parfois aussi paumé que son personnage principal, souffrant d’une construction déséquilibrée, d’une intrigue mal ficelée et d’un enjeu flottant. On croit qu’il s’agit d’une histoire romantique alors qu’il s’agit de se reconnecter avec soi et les siens. Soo n’est finalement que le déclic de son changement, une bonne fée dont il ne faut rien attendre.
Il faut tout le talent d’Alain Chabat, même bridé dans un registre plus intimiste, pour accrocher le spectateur. Souvent laissé seul dans le récit, l’acteur, naturellement empahtique, sauve une grande partie du film où il ne se passe rien. C’est d’ailleurs audacieux de laisser un personnage livré à lui-même, dans un aéroport, incapable d’aller en ville, attendant vainement une femme qui ne vient jamais. C’est aussi une séquence trop longue, qui révèle le vide existentiel de notre époque et du personnage, mais qui ne se justifie pas par rapport aux buts poursuivis.
Surtout, cela écrase la première partie pétillante et le dernier chapitre, qui cumule les clichés sur l’Asie et des relations humaines trop superficielles pour être convaincantes. Le réalisateur aurait gagné à davantage approfondir ses seconds-rôles essentiels à savoir la correspondante coréenne et les deux fils, aux profils pourtant intéressants.
Une chose est certaine : à force d’être largué, paumé, le personnage de Chabat finit par se (re)trouver. Là encore, le film, attachant et sensible, semble hésiter entre deux mondes et deux temporalités, le traditionnel et le moderne, l’influence des technologies et l’importance des relations humaines, la connaissance de soi et celle des autres. Ce n’est pas assez fouillé. Cette « comédie » sur la crise existentielle d’un quinqua aboutit finalement à un ressenti paradoxal. Pas déplaisant, mais légèrement gâché.
Car Lartigau a au moins palpé quelque chose de notre époque. Derrière la gentillesse et même la sympathie du personnage, se dessine la folie inconsciente d’un homme et l’aliénation d’un monde qui se perd dans les relations virtuelles. Derrière ces illusions, et quelques belles idées, le cinéaste veut montrer que la vraie vie est belle. Qu’elle peut-être fascinante. Peu importe le lieu, tant qu’il y a de l’humain. Cela donne un film presque triste, celui d’un homme qui cherche de nouvelles saveurs pour revivre.
vincy
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