Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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Birds of Prey et la fantabuleuse histoire de Harley Quinn


USA / 2020

05.02.2020
 



BENDING QUINN





« - Il y a une hyène dans ta baignoire...
- C’est Bruce, comme le beau gosse milliardaire.
»

C’est du pur fun. On est à des années lumières du Joker avec Birds of Prey, spin-off de l’univers DC Comics dédié à la plus cinglée des héroïnes, Harley Quinn. Ne vous attendez pas à revoir son ex au sourire tordu. Il n’y a aucun lien ni formel ni narratif avec le Joker de Todd Phillips. A peine Suicide Squad est évoqué.

Margot Robbie, productrice du film, s’en donne à cœur joie avec son personnage dérangé, presque bipolaire, entre ado naïve et adulte smart, imprévisible et traumatisée. C’est un film de fête foraine (d’ailleurs le grand final se déroule dans un parc d’attractions morbide) avec la reine des Badass et une gang de filles – la flic, la chasseresse, le canari noir et une jeune pick-pocket – qui veulent botter le cul du moindre mâle un peu trop testostéronisé (la séquence où Ewan McGregor oblige un homme à déshabiller une cliente de son night club est beaucoup plus gênante que ses crimes-.

Car les mecs en prennent plein les couilles : de la batte de baseball à l’arbalète en passant par de bons coups de pieds. On est dans la veine de Faster Pussycat et Boulevard de la mort, dans un univers pop et punk, qui n’empêche pas, entre deux bastons, de filer un chouchou à la copine gênées par ses cheveux relâchés.

C’est superficiel, léger, burlesque. Une comédie d’action plus sucrée qu’acide, où l’enjeu n’a rien d’original, au point d’exploser façon puzzle la chronologie des faits pour donner un sentiment de singularité. Toutes les actrices sont parfaites dans leurs personnages stéréotypés (et s’en moquent avec une délicieuse autodérision). Et la réalisatrice Cathy Yan leur laisse le temps de déployer leurs petites nuances.

On voit d’ailleurs qu’on est plus proche de la farce que du drame avec les multiples apartés appuyant bien sur le non sérieux de l’affaire, quelques incartades pas très conformes au genre (mais qui iraient très bien dans un cirque) et cette parodie réussie de Diamond’s are Girl’s best friend (Les hommes préfèrent les blondes) où Harley Quinn se prend pour Marilyn.

Pourtant, le film est avant tout là pour rappeler que son nom est lié à celui d’Arlequin, bouffon des maîtres, serviteur pauvre, qui ne cherche que l’émancipation. C’est l’objectif de ces quelques jours de folie dans Gotham où tout le monde est à la poursuite d’un diamant. C’est avant tout une histoire de Girl Power, profondément féministe, avant l’arrivée de Black Widow et le retour de Wonder Woman. #MeToo est passé par là. Ni pire, ni meilleur qu’un autre film DC, celui-ci a le mérite de s’amuser (avec de gros moyens et en respectant les codes hollywoodiens), sans vouloir offrir un discours sous-jacent. Désormais, côté action, les femmes n’ont plus besoin des mecs. C’est déjà un grand pas en avant. La Reine fait échec et mat et les rois sont nus.
 
vincy

 
 
 
 

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