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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Wet Season
Singapour / 2019
19.02.2020
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L’AMOUR A SES SAISONS
« Elle n’a jamais eu d’enfants, elle ne sait pas les porter.»
Singapour sous la mousson. 7 ans après sa caméra d’or pour Ilo Ilo, Anthony Chen, 35 ans, nous envoie une nouvelle carte postale mélodramatique de son île. Si le récit de Wet Season est assez convenu, le film touche droit au cœur.
Le réalisateur reprend son canevas : deux êtres solitaires que tout oppose, ici une prof de chinois et son élève un peu paumé, qui vont être attirés l’un par l’autre malgré l’impossibilité d’une relation.
Dans la métropole aux règles bien codifiées, cela a valeur de soufre. D’autant que Wet Season est une succession de batailles intimes ou domestiques, où les douleurs ne doivent pas s’exposer. La professeur d’origine malaysienne a un beau-père handicapé, un mari absent, et ne parvient pas à tomber enceinte. Le jeune homme vit seul dans un vaste appartement opulent, ses parents étaient souvent à l’étranger. Car à Singapour, tout le monde semble très occupé par leurs affaires, préférant d’ailleurs parler en anglais.
En dépeignant un échec social autour d’une femme coincée dans un quotidien monotone et triste et d’un jeune homme en mal d’affection, Anthony Chen détourne la lumière sur cette État « modèle » vers des existences qui aspirent à exister, par le partage. En route vers une émancipation, les petits drames et les grandes vérités vont s’enchaîner, au fil de petits détails qui révèleront les personnalités de chacun : une femme frustrée et trompée, un adolescent cherchant l’amour, un vieil homme en quête de derniers instants de bonheur, et tous ceux qui gravitent autour, souvent hypocrites ou moralisateurs, capables de mesquineries ou de cruauté insidieuse.
A hauteur d’humains, dénonçant l’orgueil et la cupidité des uns, louant les plaisirs simples et les sentiments sincères, le film profite d’une écriture épurée, fine et délicate. L’émotion est palpable avec ce trio insolite et attachant. Sans esbroufe, le cinéaste nous emmène vers une libération espérée, l’épiçant de quelques moments invoquant Eros et Thanatos.
C’est là que sa caméra sait ce qu’il faut montrer ou pas, que son scénario sait taire ce que l’on devine. La caméra sait être hors-champs quand il le faut, ou frontale s’il le faut. Avec une belle maîtrise, Anthony Chen construit ainsi le chemin pavé de bonnes intentions de ces « écartés » qui se rejoignent dans une relation jugée inappropriée, et pourtant si belle. Avec quelques belles ellipses temporelles, il les laisse filer vers leur nouvelle vie, détachée de ce poids d’une société incapable de les inclure. Ainsi, après la pluie vient toujours le beau temps. Ce temps n’est évidemment pas de l’argent. Wet Season est une déclaration d’amour à ceux qui en ont beaucoup à donner et si peu à recevoir.
vincy
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